(Alys, Always) - Harriet Lane
286 pages, éditions Pocket, mai 2015
L'histoire :
Frances Thorpe est invisible.
Correctrice aux pages « Livres » d'un prestigieux journal, elle regarde briller le beau monde des lettres tandis qu'elle s'enlise dans une existence médiocre.
Jusqu'au jour où elle croise une voiture accidentée sur une route de campagne et recueille les derniers mots de la conductrice, Alys Kyte, épouse du célèbre écrivain Laurence Kyte.
En rencontrant la famille d'Alys, Frances entrevoit la lumière et ne résiste pas à son attraction. Dans le halo qui les entoure, la jeune femme ordinaire côtoie l'exception, les privilèges qui lui sont refusés : il lui faut goûter à cette chaleur, à cette lumière. À tout prix.
Mon avis :
Ce livre, je l'ai choisi pour une mauvaise raison : sa couverture que je trouvais irrésistible et parfaite pour les beaux jours. En ce qui concerne le reste, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Je n'avais jamais entendu parler de ce livre ni même d'Harriet Lane. C'était donc une totale découverte qui s'est transformée en une très bonne surprise !
Frances mène une existence plutôt tranquille. Elle est célibataire, vit dans un petit appartement terne et sans charme, entretient des relations assez froides avec ses propres parents et occupe un poste sans intérêt dans un journal. Le beau monde, Frances le regarde de loin. Elle travaille dans le monde des lettres mais ne fait que corriger les chroniques des autres. Elle se sent invisible, insignifiante, quelconque...
Jusqu'au jour où elle se retrouve bien malgré elle au coeur d'un événement effroyable mais qui va redonner un sens à sa vie. C'est elle qui découvre la voiture accidentée de la femme d'un grand écrivain. Celle-ci lui confie quelques mots avant de rendre son dernier souffle. Dans ces quelques mots, Frances, sans même savoir à qui elle parle, devine l'aisance, l'élégance, la sérénité et la vie de rêve de cette femme. Cela devient rapidement une obsession. D'elle, elle veut tout savoir, tout connaître...
Dérangeant et bluffant, Le Beau monde est un thriller psychologique habilement mené. Manipulation, obsession, intrusion, on ne sait pas jusqu'où l'auteur va nous emmener. C'est assez déstabilisant - et très malin ! - car on a du mal à cerner Frances. On sent qu'elle a passé des années à vivre dans l'ombre, à observer les gens importants, à déchiffrer leurs codes. On ne sait pas si elle a tout planifié depuis le début ou si les choses se sont enclenchées au fur et à mesure, un peu malgré elle, mais on n'arrive pas vraiment à lui en vouloir. Frances est beaucoup plus intelligente que ne l'imaginent les personnages qui l'entourent. Elle porte un regard lucide, détaché, souvent cruel mais plein de bons sens sur le beau monde et la vie en général. Elle a une façon bien à elle de voir les choses et d'envisager l'avenir et la réussite. C'est un roman surprenant et troublant, glaçant et délicieux en même temps. Une bonne surprise !
En quelques mots :
Le monde des lettres et la haute société londonienne décortiqués et montrés du doigt avec cynisme et subtilité dans un thriller troublant et épatant. J'ai beaucoup aimé.