La Délicatesse du homard

Laure Manel

349 pages, éditions Michel Lafon, mai 2017

L'histoire :

François, directeur d'un centre équestre en Bretagne, découvre, lors d'une promenade à cheval sur la plage, une jeune femme inconsciente au pied d'un rocher. Plutôt que d'appeler les secours, il décide sans trop savoir pourquoi de la ramener chez lui pour la soigner. À son réveil, l'inconnue paraît en bonne santé, mais peu encline à parler. Elle déclare s'appeler Elsa mais refuse de répondre à tout autre question. Commence alors entre le célibataire endurci et cette âme à vif une étrange cohabitation, où chacun se dévoile peu à peu à l'autre sans pour autant totalement révéler les secrets qui le rongent. Et même si le duo en s'apprivoisant s'apaise, leur carapace peine à se fendre... Qui est Elsa et quelle vie est-elle en train de fuir ?

Mon avis :

 D'abord autoédité puis publié par les éditions Michel Lafon, ce roman connaît un succès fulgurant depuis sa sortie. Il a réussi à faire fondre le coeur de ses lecteurs. Il n'y a qu'à lire les avis sur les sites marchands et forums littéraires pour s'en convaincre puisqu'ils sont dithyrambiques. C'est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis plongée dans cette lecture et j'en ressors un peu déçue...

 Il y a des choses qui m'ont plu et d'autres beaucoup moins. J'ai aimé la manière dont Laure Manel nous pousse à nous interroger sur notre vie et nos blessures. Peut-on fuir ses problèmes ou son passé et se reconstruire ailleurs ? Peut-on oublier et tout recommencer ? Est-il nécessaire d'affronter ses démons pour aller de l'avant ou peut-on tout simplement tourner la page et prendre un autre départ ? J'ai aimé suivre le parcours d'Elsa. La voir faire un pas après l'autre, ne sachant pas de quoi demain sera fait. J'ai aimé la voir s'ouvrir doucement et s'épanouir petit à petit. J'ai apprécié l'écriture délicate et sans fioriture et le fait que les chapitres nous délivrent en alternance le ressenti d'Elsa et celui de François. C'est un bon moyen de les cerner, d'apprendre à les connaître et à les apprécier. On comprend mieux leurs peurs et leurs appréhensions au fur et à mesure que leurs secrets se dévoilent...

 Qu'est-ce qui coince, alors ? Si c'est une belle histoire de reconstruction, j'ai trouvé qu'on allait trop dans les extrêmes pour que ce soit vraiment crédible. Je n'ai pas réussi à y croire vraiment. Il y a d'un côté trop de drames et de malheurs et de l'autre trop d'heureuses coïncidences et de facilités. Un peu trop de caricatures aussi et de bons sentiments à mon goût mais ça n'engage que moi. Enfin, si le début du roman prend son temps, les choses vont très (trop ?) vite par la suite et les révélations nous sont délivrées d'un bloc à la toute fin. La dernière scène néanmoins est vraiment belle et il n'y aurait pas pu y avoir de meilleure fin, je pense. Si je suis plus mitigée, je peux comprendre que ce roman ait séduit autant de lecteurs parce qu'il apporte de la lumière et de l'espoir et nous dit que rien n'est jamais perdu. Il séduira sans aucun doute les grands romantiques, ceux qui croient au destin et aux âmes soeurs.

En quelques mots :

Un peu too much pour moi mais une belle histoire tout de même...