Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

litterature francophone

2011-04-22T16:00:00+02:00

La Poussette - Dominique de Rivaz

Publié par MyaRosa

La Poussette

de Dominique de Rivaz

9782283024997FS

Editeur : Buchet . Chastel

Date de parution : 3 mars 2011

Nombre de pages : 105

Prix : 11€

 

 

L'histoire : " Il faut dire à ma décharge que c'était une poussette qui avait dû servir à plusieurs bébés, une poussette à l'ancienne, haute sur pattes, un peu usée mais encore assez élégante, je crois même qu'elle s'appelait Gloria. Si elle s'était appelée Citysport Cocoon, Loola Up Full, ou Baby Safe Sleeper, avec quatre roues tout terrain comme elles sont aujourd'hui, tout ça ne serait pas arrivé. " Une jeune femme raconte son histoire. Avec une saine autodérision, elle essaie d'oublier l'accident qui l'a pour toujours figée dans l'adolescence. Comment vivre après cela ? Sans pathos ni apitoiement, la voix attachante de la narratrice donne à La Poussette un ton à la fois naïf et cruel, tendre et inconfortable.

 

**

 

 La Poussette est un récit on ne peut plus particulier. Pour citer la quatrième de couverture : "naïf et cruel, tendre et inconfortable", c'est tout à fait ça ! La narratrice de ce roman va subir plusieurs traumatismes au long de sa vie qui vont la changer à jamais. Elle nous raconte son histoire d'une façon très simple, sans pleurnicheries, sans se plaindre, en se raccrochant à des connaissances techniques sur le golf et la puériculture - oui, je sais, dit comme ça ça paraît vraiment étrange - pour dédramatiser la situation. On assiste impuissant à tous ces drames, ces traumatismes qui la poursuivent inexorablement et l'empêchent de vivre normalement. Elle vit dans son monde, dans sa bulle de protection, obsédée par l'idée d'être mère. C'est une sorte de conte tragique au goût amer, plein d'humour noir et de folie. Un livre vraiment particulier qui dérange, met mal à l'aise et  aborde des thèmes souvent tabous dans notre société.

 

Je m'arrête là. Je ne vous ai pas habitué à des billets si courts, mais là il ne faut vraiment pas trop en dire sur ce livre car tout son intérêt réside justement dans sa découverte...

Voir les commentaires

2011-04-16T08:31:00+02:00

Le Testament d'Ariane - Françoise Bourdin

Publié par MyaRosa

Le Testament d'Ariane

de Françoise Bourdin

couv26714960

Editeur : Belfond

Date de parution : 3 mars 2011

Nombre de pages : 336

Prix : 20,50€

 

 

L'histoire : Ariane Nogaro, issue d'une grande famille d'exploitants résiniers des Landes, veuve et sans enfants, décide de mettre de l'ordre dans ses affaires et se rend chez son notaire afin de rédiger son testament. Elle ne fréquente guère son frère aîné, un professeur à la retraite, pas plus que sa belle-soeur, le couple n'appréciant guère son originalité et sa manière de vivre. Seule Anne, l'une de ses nièces, lui rend régulièrement visite, partageant avec sa tante une véritable affection et complicité. Mariée à un vétérinaire et maman d'un garçon d'une douzaine d'années, elle exerce son métier de comptable à domicile, mène une vie harmonieuse mais sans fantaisie. Jusqu'au jour où Ariane décède subitement. Contre toute attente, Anne hérite de tous ses biens, dont une grande propriété nichée entre forêt et océan, le berceau des Nogaro. Un événement qui va faire resurgir les démons du passé, les jalousies et les rancoeurs, et bouleversera l'unité du clan jusqu'ici préservée. Que faire en effet de cette maison qui renferme tant de souvenirs ? La revendre ? Ou au contraire s'y installer, comme Anne le souhaiterait malgré le refus sans appel de son mari de déménager ? A-t-elle le droit de mettre son couple en péril ? Et résistera-t-elle aux pressions continuelles de sa famille qui supporte difficilement d'avoir été écartée de l'héritage ?

 

**

 

 Voilà exactement ce qu'il me fallait en ce moment ! Moi qui avais envie d'histoires de familles, j'ai été servie. Je me suis plongée dans ce livre sans trop savoir quoi en attendre car si je connaissais Françoise Bourdin de nom, je n'avais jamais eu l'occasion de lire l'un de ses livres. Je remercie les éditions Belfond, et plus particulièrement Camille, sans qui je n'aurais sans doute jamais découvert ce livre avec lequel j'ai passé un très bon moment.

 

 On se plonge dans l'histoire sans difficulté dès les premières lignes, l'écriture de Françoise Bourdin est limpide et agréable. Anne est une femme belle, intelligente et attachante qui mène une vie paisible auprès de son mari et de son fils Léo. Son mari est associé à un ami et ensemble ils dirigent une clinique vétérinaire, Anne est comptable et travaille à la maison. Ils mènent une vie paisible, sans tourment. Leur existence va basculer lorsque la vieille tante Ariane décède. Alors que personne ne s'y attendait, elle lègue tous ses biens et sa demeure à sa nièce Anne, la seule dont elle était proche et ne laisse rien aux autres. C'est le début des complications... Les proches d'Anne ne comprennent pas. Loin de s'attrister de la mort d'Ariane, ils vont jusqu'à lui reprocher d'avoir tout manigancé et vont, chacun à leur façon, essayer de prendre leur part du gâteau. Paul, le mari d'Anne est le seul à la soutenir, jusqu'à ce qu'elle envisage de garder la bastide d'Ariane. L'incompréhension creuse un fossé entre eux et cette histoire d'héritage va faire ressurgir tous les non-dits... A tous ces événements viennent se mêler les souvenirs d'Ariane. Celle-ci a écrit son histoire et celle de sa maison dans des cahiers - écrits à l'attention d'Anne ? Ecrits juste avant sa mort ? On ne le sait pas... - qu'Anne prend plaisir à lire. On partage avec elle ces délicieuses évocations du passé et on en apprend davantage sur la famille Nogaro.

 

  J'ai beaucoup apprécié cette histoire à laquelle n'importe qui peut s'identifier. Evidemment, nous n'avons pas tous de tante possédant une grande maison et un terrain gigantesque, mais on image sans problème les conflits que peut causer un tel héritage. On se met à la place d'Anne et on constate, impuissants, l'hypocrisie et la méchanceté de ses proches. Cette histoire d'héritage n'est qu'un prétexte pour faire ressortir les défauts et les problèmes de chacun des personnages. C'est impressionnant de voir comme une vie peut basculer en si peu de temps, comme l'attitude des gens peut changer du jour au lendemain quand il est question d'argent. Ce récit est crédible et criant de vérité. C'est effrayant. Ce que j'ai aimé aussi, c'est que cette histoire permet à Anne de s'émanciper, elle qui avait une vie bien rangée se décide enfin à laisser parler son coeur, à partir à l'aventure peu importe ce qu'en disent les autres.

 

 J'ai vécu cette histoire comme si j'y étais et il me tarde de découvrir la suite, de savoir si oui ou non Anne va mener à bien son projet, de savoir comment vont se comporter ses parents, ses frères et soeurs, si leur attitude va changer, de voir comment Léo et Paul vont vivre la tournure que prennent les événements... Un premier tome vraiment très prometteur, une lecture agréable, parfaite pour les beaux jours, que je conseille à tous les lecteurs.

 

Merci encore aux éditions logo_belfond.jpg

pour cette jolie découverte !

Voir les commentaires

2011-04-12T12:20:00+02:00

La Délicatesse - David Foenkinos

Publié par MyaRosa

La Délicatesse

de David Foenkinos

couv26596982

Editeur : France Loisirs

Collection : Piment

Date de parution : mai 2010

Nombre de pages : 272

Prix : 9,95€

 

"Chacun lit ce que son corps écrit."

 

L'histoire : Tout va pour le mieux pour la belle et discrète Nathalie jusqu'au jour où elle perd l'homme qu'elle aime dans un accident. Elle sort de son deuil d'une façon inattendue, par un baiser anodin avec un collègue de travail qui n'avait a priori rien pour lui plaire.

 

**

 

J'ai été un peu surprise par le début de ce roman car je ne m'attendais pas à ce qu'on parle autant du milieu professionnel dans lequel évolue Nathalie et à ce que l'on nous décrive ses relations avec ses collègues de travail. J'ai été un peu déçue, je dois l'avouer, et même après avoir lu une cinquantaine de pages, je n'étais pas conquise et j'ai même envisagé d'arrêter ma lecture. Je me suis obstinée et j'ai bien fait, car une fois ces passages un peu longs et sans grand intérêt passés, j'ai beaucoup apprécié ce roman.

 

Comment continuer à vivre après avoir perdu l'homme que l'on aime ? C'est la question que se pose Nathalie, lorsque son mari,François, disparait. Elle se réfugie dans le travail et pense avoir fermé pour toujours la porte de son coeur. Elle refuse de céder aux avances de son patron, ne prête pas attention aux regards charmeurs que lui lancent les hommes, mais c'est sans compter sur Markus, un collègue insignifiantqui va vite devenir bien plus que cela...

 

Il y a beaucoup de tendresse et à juste titre de délicatesse dans ce roman. On y rencontre des êtres que tout oppose : une femme belle et attachante qui refuse d'aimer à nouveau, un homme qui n'a connu que des échecs amoureux et que personne ne regarde jamais, et un autre homme, marié mais désespérément seul...  On s'attache à eux, on prend plaisir à les découvrir, à les voir se rencontrer. S'il y a beaucoup d'amour dans ce livre, il y a également beaucoup d'humour. Les situations, jeux de mots et allusions cocasses m'ont fait sourire plus d'une fois et j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre. J'ai été particulièrement émue par la fin du roman. Quelle belle image que cette partie de cache-cache nostalgique ! J'ai beaucoup aimé la façon dont David Foenkinos parle de la relation entre une grand-mère et ses petits enfants. Une fin vraiment parfaite et sublime pour un livre tendre et délicat, à découvrir !

 

**

  Quelques extraits :

 

"Le lendemain matin, en arrivant au bureau, Nathalie croisa Chloé. Avouons-le tout de suite, cette dernière était également une adepte du faux hasard. Il lui arrivait ainsi de faire des allers-retours dans les couloirs juste pour croiser sa reponsable.* En véritable concierge, sans la moindre élégance du hérisson, elle allait tenter d'extorquer quelques confidences.

*On peut finalement se demander si le hasard existe vraiment ? Peut-être que toutes les personnes que l'on croise marchent dans notre périmètre avec l'espoir incessant de nous rencontrer ? En y repensant, c'est vrai qu'elles paraissent souvent essoufflées."

 

"[...] Voilà à peu près ce qu'il aurait aimé dire. Mais c'est ainsi : on a toujours cinq minutes de retard sur nos conversations amoureuses."

 

"Le Larousse s'arrête là où le coeur commence."

 

"[...] Il était incapable de finir une phrase. Partait en subit éclats de rire, mais jamais au moment où son interlocuteur tentait d'être drôle. Il était comme en décalage horaire avec l'instant présent."

 


Voir les commentaires

2011-03-30T06:54:00+02:00

J'étais la fille de François Mitterand - Elsa Flageul

Publié par MyaRosa

 

elsa

Quatrième de couverture :

 

A la tristesse ordinaire d'une enfant de dix ans dont les parents se sont séparés, Loulou oppose la force de l'imaginaire. Incomprise par son père, qu'importe, elle s'en trouvera un autre. Et pourquoi pas le plus illustre ? Une cérémonie au Panthéon et c'est la révélation : son vrai père ne peut-être que le président de la République, François Mitterrand. Et Loulou de remplir des cahiers de photos du Président, toute à son rêve apaisant de petite fille...

 

"Grâce à la fantaisie de l'enfance, la maladresse des relations familiales prend ici l'allure d'un conte tendre et attachant."

[Camille Tenneson - Le Nouvel Observateur]

"Elsa Flageul construit, sur une boutade, un roman très juste et drôle sur la quête d'identité d'une ado en mal de père."

[B.B. - Marie France]

 

Mon avis :

 

 Ne vous fiez surtout pas au titre de ce livre. Ce n'est ni une autobiographie, ni un livre à scandale relatant les potins ou rumeurs autour de François Mitterand, mais bel et bien un roman.  Ici, il n'est qu'un prétexte pour aborder le manque, l'absence, les difficultés de communication entre un père et sa fille.

 

 Loulou est une petite fille qui à force d'ennui et de manque de communication s'invente une vie, un secret. Elle le sent au premier regard, François Mitterand est son véritable père. Un secret d'état l'entoure, elle, Loulou, celle que tout le monde trouve ordinaire. Ce secret qu'elle partage avec sa meilleure amie la rend fière, fait battre son coeur un peu plus vite.

 

 Son véritable père, lui, ne se doute de rien. Lorsqu'il la voit il essaie de lui faire plaisir, il l'aime mais ne sait pas comment lui dire. Il voudrait la présenter à la nouvelle femme qui partage sa vie mais ne sait pas comment lui parler.

 

 Ces deux êtres se cherchent, tentent maladroitement de faire un pas vers l'autre. Arriveront-ils à se parler ?

 

 C'est une jolie histoire sur les difficultés de la relation père-fille dans laquelle chacun peut se reconnaître à un moment ou à un autre.. Elsa Flageul signe ici son premier roman. Un récit touchant, plein d'humour et de tendresse qui fait la part belle aux mots et aux sentiments. J'ai beaucoup aimé.

 

Extraits :

 

" Elle adore faire semblant de dormir, il lui semble qu'ainsi elle peut percevoir et entendre la vérité."

 

"J'aime les mots mais je ne sais pas les dire.

J'aime. Cela ne se voit pas, c'est tout."

 

"Il y a des personnes avec qui on a toujours l'impression d'être malhonnête, même quand on est d'une sincérité absolue, il y a toujours un petit quelque chose de flou qui subsiste, toujours un petit quelque chose qu'on cache. Mais quoi ?"

 

(126 pages - éditions Julliard - 15 janvier 2009 - 15€)

ou en version poche :

 

couv50907849

(91 pages - éditions Pocket - février 2010 - 4,70€)

Voir les commentaires

2011-03-14T06:00:00+01:00

Plein soleil - Valérie Clo

Publié par MyaRosa

 

couv70514588.gif-copie-1.jpg

 

 

 

Quatrième de couverture :

 

" Tu es mon père. Tes portraits ne me font plus sursauter. Ils me sont devenus familiers. Je peux me tenir, droite, face à toi, sans défaillir. Je n'ai plus peur. J'ai enlevé le voile sombre sur ton histoire, et sur la mienne. Dessous, le soleil est immense. "

La narratrice a tout juste un an quand son père meurt d'un accident du travail. Avec sensibilité, des années plus tard, Valérie Clo traque les souvenirs, met en scène tous les personnages du drame et renoue le fil fragile de ses origines. Arrachées à la nuit de la toute petite enfance, ces pages émouvantes sont le récit d'une libération. Un retour apaisé à la pleine lumière.

 

Mon avis :

 

1197107879928468677jean victor balin card coeur.svg.med

 

 Il y a des livres qui vous marquent, qui vous transpercent le coeur, celui-ci en fait partie. Valérie Clo nous livre sans pudeur sa douleur, son ressenti, ses peurs et le manque de ce père qu'elle n'a pas connu. Parti trop tôt, il n'a laissé à sa fille que du vide et les souvenirs des autres. L'auteure revient sur cette absence et sur ce manque qu'elle a ressenti tout au long de sa vie. Ce livre, c'est sa thérapie, sa façon d'exorciser ce mal qui la ronge et l'empêche de vivre comme tout le monde. Elle se sent capable aujourd'hui d'aborder ce sujet qu'elle a longtemps essayé d'éviter, faisant comme si rien n'était réel, comme si son père aller venir un jour sonner à sa porte et lui dire que ce n'était pas vrai, qu'il n'était pas mort.

 

"Il paraît que ce qui ne tue pas rend plus fort. Moi, j'ai le sentiment du contraire, que les événements difficilent fragilisent. Ils ouvrent des brèches qui entament à jamais la confiance, rendent vulnérable. "

 

" C'est l'existence de la mort que j'apprends quasiment en naissant, pas le temps de rêver, ni d'être insouciante. Il me faut aller chercher loin la force de faire des enfants, de calmer l'inquiétude, de parier sur la vie pour oser la transmettre. Mes filles ne se doutent pas que je suis revenue des enfers pour leur donner la vie, un pari fou car c'est chaque jour que je tremble de voir ce que j'ai construit, anéanti."

 

 J'ai été bouleversée par cette histoire, autant par le ressenti de Valérie Clo sur cette absence avec le recul qu'elle peut avoir aujourd'hui, que par le récit qu'elle nous fait de ses souvenirs de petites filles et de ce qu'a dû être la dernière journée de son père. J'ai été émue par cette petite fille qui ne comprend pas, qui s'en veut de ne pas réussir à avoir de la peine pour un père dont elle ne se souvient pas. Cette enfant qu'on emmène au cimetière embrasser la photo de son père et qui ne veut pas être la fille d'un mort.

 

"Voilà, j'étais la fille d'un mort. Ma mère avait embrassé un mort et m'avait conçue avec. Quand je pensais à mon père, je voyais cette tombe perdue au milieu de centaines d'autres, immobile, glacée, fidèle à elle-même en toutes circonstances, dans la nuit, en plein soleil, ou recouverte de neige. Toujours le même calme, toujours la même inertie pendant que moi, je me débattais au milieu des vivants."

 

 Cette petite fille n'a aucun souvenir de son père, alors elle s'en fabrique avec ce qu'on lui raconte, avec les photos qu'on lui montre. Elle imagine ce père qui lui manque, ce père qui lui fait défaut. Elle se demande pourquoi ce drame a frappé sa famille et pas une autre, pourquoi son père est-il parti si jeune alors que sa vie commençait à peine...Comment se construire quand la vie commence avec un manque ? Comment devenir parent à son tour sans craindre de revivre la même histoire?

 

"La colère me tord le ventre. Mon père nous a abandonnées. Il a déserté mon enfance. Il s'est fait la malle. Pourquoi ? Je tremble en pensant que la bombe est tombée pile sur notre foyer, qu'elle a atteint sa cible avec une parfaite précision. Elle a explosé notre famille. Ce n'est pas un cauchemar duquel je vais me réveiller soulagée, non, c 'est la vraie vie. Il n'y a pas de doux réveil, il faut vivre avec cet arrachement, cette violence, ce manque. Il faut grandir avec. Il faut aimer avec. Il faut travailler avec. Il faut faire des enfants en sachant que ca, ça existe vraiment, et que ce n'est pas seulement une peur."

 

 Les sentiments se mêlent : la tristresse, la colère, le regret, la culpabilité, la peur,... Vivre en sachant que tout peur déraper à tout moment, que le bonheur peur voler en éclat en l'espace d'une seconde sans prévenir, qu'on peut nous arracher les êtres qui nous sont chers sans crier gare. C'est triste, révoltant, mais dans toute cette noirceur Valérie Clo arrive à mettre de l'optimisme et du soleil. Un livre bouleversant qui ne peut pas laisser indifférent. Une écriture intimiste, juste et belle. Un très beau livre que je n'oublierais jamais. Un joli coup de coeur...

 

(144 pages - éditions Buchet Chastel - janvier 2011 - 13€)

Voir les commentaires

2011-02-18T08:01:00+01:00

Rose-Aimée, tome 1 : La Belle qui porte malheur - Béatrice Bottet

Publié par MyaRosa

 

165296 179484145423782 100000865935403 366679 1311072 n

 

 

Quatrième de couverture :


 

San Francisco, mai 1851 Dans le saloon bruyant et enfumé bourré de chercheurs d’or, l’homme aux cheveux gris haussa la voix : – J’ai quelque chose d’important à te demander... Le jeune marin ouvrit bien grand ses oreilles. – Es-tu capable de retrouver quelque chose à Paris ? demanda Garancher, fébrile, en lui mettant une main sur le bras. Et quelqu’un ? – Ce que vous voulez, dit Martial Belleroche avec assurance. Et qui vous voulez. – Alors je compte sur toi. Mais surtout, surtout... il faudra te méfier, fit Garancher d’une voix grave et lugubre sans s’expliquer davantage. Il leva alors son verre et les deux hommes trinquèrent.

 

Paris, avril 1852 Fifi -Bout-d’Ficelle sourit au public et s’inclina. Tous les spectateurs sentirent leur coeur fondre. Tous sauf un. Le piano et le violon jouèrent un prélude d’une grande intensité dramatique. Fifi salua gracieusement en tenant sa robe à deux mains. Quelques applaudissements éclatèrent encore, vite rembarrés par des « chuuut » impatients. Et Fifi chanta la complainte de la fille qui portait malheur…


 

Mon avis :


 

 Pour commencer, je tiens à remercier chaleureusement les éditions du Matagot pour cette découverte. L'opportunité de lire ce livre a été pour moi une sorte de challenge personnel et l'occasion de découvrir un genre que je connais très peu. En effet, même si ici la couverture et le résumé me plaisait, je ne suis pas du tout attirée par les romans historiques et encore moins pas les romans d'aventures. C'est donc avec un peu d'appréhension et beaucoup de curiosité que j'ai commencé cette lecture.


 Dès le début, l'auteur pose le décor avec une simplicité déconcernante. Nous voilà transportés dans les années 1850, d'abord à San Francisco puis à Paris. Martial Belleroche, un jeune et beau marin se retrouve dans une situation délicate et se voit sauvé par un homme à qui il promet en retour de retrouver en France un manuscrit auquel il tient beaucoup. Il doit pour cela retrouver une certaine Fifi-les-guibolles, danseuse de cabaret qui est la seule personne à savoir où il se trouve. S'ensuit toute une série d'aventures, de malheurs et de quiproquos pour notre beau marin...


 La belle Fifi quant à elle est une jeune femme mystérieuse, différente des autres danseuses de cabaret, et qui semble porter malheur à tous les hommes qui s'approchent un peu trop près d'elle. ..Pour couronner le tout, elle vit toute seule dans un couvent dont personne n'ose s'approcher car on le dit hanté par des religieuses. Il en faut bien plus à Martial pour être effrayé car des malheurs il en a connu, et ce ne sont pas quelques racontars qui vont l'empêcher de mener sa mission à bien.


 Vous l'aurez compris, et puis c'est annoncé sur la quatrième de couverture, ce sera le début d'une grande histoire d'amour mais qui ne sera pas de tout repos pour nos héros, car entre la malédiction, les personnes mal-intentionnées, les moeurs de l'époque et les quiproquos en série, il va être assez périlleux pour ces deux jeunes gens de s'aimer malgré tout.


 L'histoire est vraiment passionnante et pleine de rebondissements. Nos deux héros qui, je dois l'avouer, m'agaçaient un peu de prime abord m'ont finalement séduite. Le fond historique qui au départ me rebutait un peu apporte finalement beaucoup d'originalité à cette histoire. L'auteure pose tellement bien le décor qu'on a l'impression d'y être. Je me suis vue en plein coeur de Paris au XIXème siècle. J'ai vu ces danseuses de cabaret aux moeurs légères, j'ai vu la maison de Madame Colombel, le couvent dans lequel vit Rose-Aimée et la petite chambre de Martial. J'ai voyagé à travers le temps et dans le monde et j'en ressors toute essouflée et pleine d'étoiles dans les yeux. Quelle magie ! Quel voyage ! J'en ai encore plein les yeux de tous ces lieux fascinants, de toutes ces tenues d'époque éblouissantes et je ne regrette pas une seule seconde d'avoir fait le voyage ! A dire vrai, je n'ai qu'une envie : repartir !


 Mon seul regret est que ce tome se finisse de cette façon... C'est certain, ça donne envie de lire le second tome, mais quelle frustration ! L'attente va être longue jusqu'en mai..


 En tout cas je félicite Béatrice Bottet pour son imagination, mais aussi pour ses recherches car on sent tout le travail qu'il y a derrière pour rendre cette histoire vraissemblable et pour transporter le lecteur dans cet univers. On en apprend beaucoup sur l'époque sans que ce soit pesant. Il y a des petites notes explicatives claires et concises tout le long du roman ainsi qu'un dossier spécial à la fin qui donne plus d'informations pour les petits curieux... Ce dossier très intéressant (et c'est vraiment le cas car je peux vous dire qu'en général je ne lis pas ces choses là car je trouve ça barbant) est en plus agrémenté de malgnifiques illustrations.


 En résumé : Un livre à découvrir de toute urgence !

Un voyage à travers le temps que vous ne regretterez pas, une histoire d'amour envoûtante et un livre plein de rebondissements. Une très belle découverte et encore un grand merci aux éditions du Matagot.


(495 pages - éditions du Matagot - septembre 2010 - 16,90€)

 

****

"L'amour est quelque chose de terrible, avait-il dit d'un ton de regret et de mélancolie. Et je vous conseille de vous tenir éloignée des peines qu'il procure. L'amour rend malheureux. L'amour brise votre coeur, votre corps et vos illusions. Cela ne sert à rien d'aimer."

**** 

 

Pour aller plus loin, n'hésitez pas à aller faire un tout sur le site consacré à Rose-Aimée en cliquant ici. Vous pourrez notamment y lire le premier chapitre.

 

La sortie du second tome : Le Marin perdu dans la brume est annoncée pour le mois de mai !

J'ai hâte de retrouver nos deux héros et de savoir ce qui va leur arriver...

 

rubon8-d1a67.jpg

Voir les commentaires

2011-01-31T14:12:00+01:00

Du pop corn dans la tête - Edith Azam

Publié par MyaRosa

 

couv46994500-copie-1.jpg

 

 

Quatrième de couverture :

 

" Me pomponne au popcorn

depuis plus de trois jours

ça fait un jus d'maïs dans mes os

Kopan-Bretan il dit

il dit que je f'rai bien

de fair' de l'XXXZZZRRRcice

Moi trouv' le mot trop compliqué

des mots pareils c'est la torture

c'est bon pour se défigurer

Pffff....

Ca m'stresse le langage

ça m'stresse..."

 

 

Un suspens à 3 personnages + une mouche et un aspirateur. La narratrice : tout le temps fatiguée. Le premier des garçons : ne cesse de l'embrasser et le deuxième : se recouvre d'un sac de patates ou fait du vélo ; elle n'en peut plus, coincée dans cet imbroglio.

En même temps, un "elastikanimal" court entre les pages du livre, vers la même solitude.


 

Mon avis :

 

 J'ai découvert ce livre lors de l'opération masse-critique sur Babelio. J'ai été intriguée par la présentation de ce livre : "38 dessins (d'un "elastikanimal) pleine page au crayon gris accompagnent un texte mais cela fait deux histoires parallèles." , "Dans ce livre"double", humour et détresse sont les mamelles de l'inextricable condition humaine." Une présentation un peu spéciale, une quatrième de couverture particulière et un extrait étrange et déroutant, il ne m'en fallait pas plus pour postuler à ce partenariat. Je ne connaissais pas l'atelier de l'agneau, mais le livre en lui-même est un très bel objet. La couleur et la texture du papier, son odeur, le format, tout est agréable.

 

 Pour ce qui est de son contenu, tout y est original. Les illustrations sont assez simples mais ont su me séduire.

Edith Azam s'amuse, joue avec les mots et les sons, les arrange, les mélange, invente, tourne en dérision, ... C'est plein d'humour et de spontanéité. Ce livre ne plaira certainement pas à tout le monde et en déroutera plus d'un car je pense que l'on peut complètement passer à côté ou y être insensible, toujours est-il que l'amoureuse des mots que je suis a été séduite.

 

 Les personnages de ce livre luttent contre la solitude et l'ennui, tentent de meubler leur vie à leur façon, de manière assez farfelue :

" On a mis les poissons sur table

pis on les a tortriturés

en les roulant

dans la farine

Z'ont eu si peur :

Qu'sont d'v'nus pâles !

Ensuite on les a sauvés

de tout' leur mort qu'on pouvait faire

Ouais on est TRAMACHAN :

Pigé ? ... "

 

Un livre plaisant et amusant qu'il me plaira de relire à l'occasion.

 

Merci aux éditions de l'Atelier de l'agneau et à Babelio pour ce partenariat.

 

babelio

 

( 91 pages - atelier de l'agneau - novembre 2010 - 15€ )

Voir les commentaires

2010-12-24T12:49:00+01:00

Mari et femme - Régis de Sá Moreira

Publié par MyaRosa

 

couv28253681.jpg

 

 

Quatrième de couverture :

 


 

 La première chose qui t'étonne lorsque tu ouvres les yeux c'est le plafond de votre chambre. Ça fait des mois que tu dors dans le salon. Tu ne comprends pas. Tu tournes la tête sur le côté, ta femme n'est pas dans le lit. Mais ses longs cheveux blonds s'étalent sous ta joue. Tu ne comprends pas du tout. Tu montes une main pour te gratter la barbe. Ta barbe a disparu. Tu ne respires plus. Tu descends ta main sous le drap. Tu cherches quelque chose entre tes jambes. Tu ne trouves rien. Tu te redresses d'un coup. Tu te tournes vers l'armoire à glace. Tu cries. Ta femme crie à ta place.

 

 

 

Mon avis :

 


 

 J'aime beaucoup l'écriture de Régis de Sa Moreira. Je vous avais d'ailleurs parlé de ses deux précédents ouvrages - Le libraire / Zéro tués - il y a quelques temps (voir liens à la fin de l'article).  Il me surprend toujours par son audace, son humour et son style si particulier. Ce livre n'a pas fait exception à la règle... J'ai encore une fois passé un très bon moment. Le sujet n'est pas nouveau, j'avais peur qu'il ait un goût de déjà vu, mais ce ne fût pas le cas.

 

 Un homme et une femme décident de se quitter mais se réveille chacun dans la peau de l'autre... Passée la surprise, ils décident, en attendant que les choses redeviennent normales, de faire illusion auprès de leurs famille, amis, patrons, ce qui va entraîner vous vous en doutez, des situations toutes plus drôles les unes que les autres. Ainsi le "mari" devenu femme va passer ses journées en compagnie de la secrétaire de sa femme sur qui il fantasme depuis longtemps, il va aussi être partagé entre le plaisir de se savoir observé par des hommes et le dégoût de savoir que ces mêmes hommes posent les yeux sur sa femme. On rentre vraiment dans la peau de ce mari puisque c'est lui qui nous raconte tout ça de façon assez singulière (cf : la quatrième de couverture). On partage ses histoires, son ressenti, et notre façon de voir les choses changent à mesure que les pages défilent... Cet homme et cette femme qui ne s'entendent plus n'ont-ils vraiment plus rien en commun ?

 

 C'est un petit livre léger, drôle, émouvant qui ferait une très bonne comédie. Ca tombe bien puisqu'il est dit sur la couverture que le livre est justement en cours d'adaptation cinématographique. J'ai hâte de voir ce que ça peut donner !

 

Encore une fois, merci à cet auteur de m'avoir fait passer un si bon moment !

Je vous invite à lire ces deux précédents ouvrages qui sont eux aussi vraiment très bons!

 

                       9782253122388-G couv50748144-copie-1

 

 

 

 

  ( 183 pages - Le livre de poche - 2010 - 5,50€ )

Voir les commentaires

2010-08-18T11:07:00+02:00

Dis oui, Ninon - Maud Lethielleux

Publié par MyaRosa

 

Dis-oui-Ninon-COUVpoche

 

 

Quatrième de couverture :

 

" - T'as passé une bonne semaine?
Je ne sais pas quoi dire. Si je dis oui, il va être triste, ça voudrait dire que je me passe bien de lui et que l'autre n'est pas si mal. Si je dis non, il sera très en colère contre Zélie et L'autre parce que je suis malheureuse à cause d'eux. Je dis : - Moyen."

A neuf ans, Ninon observe le monde avec malice et se moque des idées toutes faites. Quand ses parents se séparent, elle choisit la vie de bohème avec son père, Fred. Ensemble, ils construisent une maison de bric et de broc, traient leurs chèvres, vendent leurs produits au marché, oublient l'école et Mme Kaffe, l'assistante sociale...

 

Mon avis :

 

 Je voulais lire ce livre depuis déjà bien longtemps, car j'avais lu des avis très positifs sur les blogs et forums.  Bizarrement, sa sortie poche est passée inaperçue. Lorsque j'ai commandé mon exemplaire, on ne pouvait même pas voir la couverture. Et pourtant, qu'est ce qu'elle est jolie ! Aussitôt reçu, aussitôt lu, j'ai passé un très bon moment avec Ninon. Cette petite fille espiègle nous raconte sa vie, ce qu'elle aime, ce qu'elle n'aime pas, la séparation de ses parents, l'arrivée du beau-père, son père qui construit lui-même sa maison, l'école, sa petite soeur,... Le récit de Ninon est drôle et touchant. On se laisse émouvoir de cette naïveté propre à l'enfance et on n'a pas envie que l'histoire s'arrête là. Je l'ai lu d'une traite et je l'ai refermé les yeux brillants, des images plein la tête. Qu'est ce qu'elle est attachante cette petite Ninon! Maud Lethielleux écrit merveilleusement bien, et arrive sans peine à nous faire oublier que ce livre n'a pas été écrit par une enfant. On plonge corps et âme dans la vie de Ninon et on en ressort changé...

 

 Mon billet est court, je n'ai rien de plus à ajouter, découvrez-le par vous-mêmes, vous ne serez pas déçus. C'est une belle, une très belle histoire... un énorme coup de coeur pour moi, un livre à ne pas manquer!

 

(221 pages - J'ai Lu - Mai 2010 - 5,60€)

Voir les commentaires

2010-07-29T13:41:00+02:00

Spirales - Tatiana de Rosnay

Publié par MyaRosa

 

img007bis

 

 

Quatrième de couverture :

 

Hélène, la cinquantaine paisible, mène une vie sans histoire auprès de son mari, de son fils, de sa fille et de ses petits-enfants. Hélène est une épouse modèle, une femme parfaite. Un jour d'été caniculaire à Paris, sur un coup de tête, elle cède aux avances d'un inconnu. L'adultère vire au cauchemar quand, au lit, l'amant sans nom meurt d'une crise cardiaque. Hélène s'enfuit, décidée à ne jamais en parler, et surtout, à tout oublier. Mais, dans son affolement, elle laisse son sac à main... avec ses papiers. Happée par une spirale infernale, Hélène ira très loin pour sauver les apparences. Très loin, mais jusqu'où? Dans ce roman au suspense hitchcockien, Tatiana de Rosnay explore les arcanes de la bonne conscience et la frontière fragile entre le bien et le mal.

 

Mon avis :


  C'est toujours avec plaisir que je me plonge dans les livres de Tatiana de Rosnay. Je cherchais Spirales depuis des mois, mais il était introuvable. J'ai poussé un cri de joie quand j'ai vu que Le Livre de Poche le proposait en cadeau pour deux livres achetés. Le plus dur a été de choisir ces deux livres, car je n'avais qu'une envie : sortir de la librairie et commencer Spirales tout de suite. Dès les premières pages, le charme a opéré. Je suis vraiment sensible à l'écriture de Tatiana de Rosnay. A chaque fois, je suis troublée et charmée par ses mots, à tel point que j'ai du mal à reposer le livre avant de l'avoir terminé. Spirales est de la même veine que Le Voisin ou encore La Mémoire des murs. C'est un récit étrange, effrayant et dérangeant qui donne matière à réfléchir. L'héroïne plonge du jour au lendemain dans une spirale infernale. En sortira t-elle indemne?

 

 J'ai été sensible à la solitude d'Hélène, cette quinquagénaire dont le quotidien est bouleversé du jour au lendemain, et qui se rend compte que personne ne fait attention à elle. Personne ne se rend compte des changements qui s'opèrent en elle, de ses tourments. Hélène est une femme invisible. Elle a sacrifié sa vie au profit des autres sans jamais écouter ses envies, ses rêves. Son aventure avec un inconnu et sa fuite l'obligent à se remettre en question car elle ne se reconnaït pas dans ces actes. Qui est-elle vraiment? Cette femme irréprochable, bien sous tous rapports ou cette femme qui assouvit ses fantasmes et ment effrontément à son entourage?

 

 J'ai été emballée tout au long du roman. La fin m'a d'abord laissée un peu perplexe. J'ai d'ailleurs relu les dernières pages plusieurs fois, et une fois passée la surprise, je trouve cette fin ouverte vraiment parfaite! Je sais que cette fin fait beaucoup de bruit et ne plait pas à tout le monde, mais je trouve justement intéressant que Tatiana de Rosnay offre au lecteur l'occasion de l'écrire lui-même. Il y a tellement d'interprétations possibles que j'ai passé un bon moment à réfléchir à tout ça, à choisir ma fin en quelque sorte. J'aime quand les auteurs nous invitent à plonger dans notre imaginaire. C'est donc une très belle surprise pour moi et je vous conseille ce livre !

 

(185 pages - éditions Le Livre de Poche - mai 2010 - édition limitée offerte pour deux livres de poche achetés)

 

                9782266149297.jpg spirales.jpg

                                                spirales2.jpg

Voir les commentaires

2010-07-08T15:17:00+02:00

Brèves de filles - Isabelle Alexis

Publié par MyaRosa


51lmiVctCqL._SL500_AA300_.jpg



Quatrième de couverture :


Faire mentir les hommes qui croient que les femmes n’ont pas d’esprit ; tel est l’objectif d’Isabelle Alexis avec ce Brèves de filles. Spécialiste de la comédie de mœurs pétillante, l’auteur de Tu vas rire mais je te quitte a réalisé une anthologie impertinente des expressions cultes, des mots d’esprit inattendues, et des réparties les plus cruelles de la gente féminine.


Qu'elles soient écrivaines, féministes, intellectuelles ou actrices, elles ont marqué leur époque par leur indépendance d'esprit, leur intelligence et leur sensibilité.


Un festival anti-machos.



Mon avis :



 C'est avec beaucoup de plaisir que je me suis plongée dans ce petit livre vraiment sympathique. C'est en quelque sorte un dictionnaire ou un recueil de citations intelligentes et drôles issues de grandes dames qui ont marqué notre société. On y retrouve également des extraits de dialogues issus de livres, de films ou de séries : Bridget Jones, Sex & the city,...


 Françoise Sagan, Marilyn Monroe, Amélie Nothomb, Simone Weil, Virginia Woolf et Jane Birkin se côtoient pour notre plus grand plaisir. Les thèmes abordés sont divers et variés : l'amour, l'amitié, l'administration, l'argent, la jalousie, le régime, les ruptures, Dieu, les hommes, le mariage, la mort, l'orgasme, le temps,... Isabelle Alexis agrémente ces citations de petites anecdotes, d'éléments biographiques qui permettent de mieux cerner l'auteur de la phrase, et met parfois en relation plusieurs citations. C'est vraiment très intéressant. J'ai adoré ce petit livre. Le format carré est agréable, la police d'écriture également. J'avais le sourire tout au long de cette lecture. Je vous le conseille vraimentt !


 Si vous n'êtes pas convaincus, j'ai gardé au chaud quelques petites citations qui, je l'espère, vous donneront envie de courir l'acheter dans la librairie la plus proche. C'est parti :


" Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne me permet plus de me confondre avec un paillasson. "

Rebecca West


" Tout être humain a le droit d'être en contradiction avec lui-même. "

Amélie Nothomb


" Je crois en Dieu, mais je ne suis pas sûre de lui faire totalement confiance. "

Audrey Tautou


" Il faut avec les mots de tout le monde écrire comme personne. "

Colette


" Ecrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. "

Marguerite Duras


" Les parcs à enfants, c'est le cimetière de ta jeunesse. C'est le bagne, c'est les travaux forcés. On se regarde entre condamnées à mort. On compare nos peines : "Ah, mon Dieu, trois enfants : trente ans ferme ! "

Florence Foresti


" Dans une famille, on a beau avoir vécu les mêmes choses, on n'a pas les mêmes souvenirs. "

Marie Darrieussecq


Un grand merci à

logotwitter

ainsi qu'aux éditions François Bourin.


(297 pages - Editions François Bourin - juin 2010 - 10€ )

 

Le petit plus : Le nom d'Isabelle Alexis vous dit quelque chose?

Je vous parlais d'un de ses livres il y a quelques jours :

51OJwAggFDL. SL500 AA300

 


Voir les commentaires

2010-06-23T17:43:00+02:00

Je n'irai pas chez le psy pour ce con ! - Isabelle Alexis

Publié par MyaRosa

 

51OJwAggFDL. SL500 AA300

 

 

 

Quatrième de couverture :


Grande pagaille dans les coulisses d'un plateau de télévision. Juliette, venue pour un entretien d'embauche, se retrouve interviewée à la place de Loren, écrivain célèbre. Les deux filles finissent pas s'amuser de la situation... et passent la nuit ensemble. Le lendemain, Juliette tue, sans le faire exprès, son petit ami - un dealer colérique qu'elle ne regrettera pas. Loren l'aide à faire disparaître le corps au plus vite... C'est alors qu'un corbeau s'en mêle.


" Entre chick lit haut de gamme et comédie policière, Isabelle nous propulse dans un univers déjanté. "

Emmanuelle de Boysson

 

Mon avis :

 

  J'avais très envie de découvrir ce livre, non pas en raison de la quatrième de couverture, mais surtout parce que j'adore le titre ! L'histoire ne m'emballait à priori pas plus que ça, et pourtant, je me suis laissée emporter dans cette aventure complètement déjantée. Je ne peux pas dire que j'ai adoré et que ce livre me restera longtemps en mémoire, mais ce qui est certain c'est que j'ai passé un très bon moment en compagnie de Loren et de Juliette. J'ai aimé le style d'Isabelle Alexis, intelligent et drôle et le fait que les situations s'enchainent sans temps mort. Les chapitres sont bien découpés, l'ambiance est prenante et drôle malgré la gravité de la situation.


 On se demande tout au long du livre comment cette drôle d'histoire va se terminer. Qui est ce mystérieux corbeau ? Que cherche t'il? Le corps du petit ami de Juliette va t-il être retrouvé ? Juliette et Loren vont-elles pouvoir garder leur secret indéfiniment ?


 Une lecture vraiment sympa. Comme le dit Emmanuelle de Boysson - citée sur la quatrième de couverture - un mélange de  chick lit et de comédie policière. Une lecture d'été sans prise de tête.

 

 Un grand merci aux éditions   J_ai_Lu_Quad.jpg   

ainsi qu'au forum  11966610

 

(250 pages - J'ai Lu - 5 juin 2010 - 5,60€)

Voir les commentaires

2010-05-26T12:21:00+02:00

Marie-Antoinette - Evelyne Lever

Publié par MyaRosa


marie-10.gif



Quatrième de couverture :


Miroir d’un destin bien singulier, la correspondance de Marie-Antoinette nous fait pénétrer dans l’intimité d’une reine pendant vingt-trois ans. On voit le caractère léger et primesautier de la princesse sortir lentement de sa chrysalide adolescente pour s’affirmer avec une force inattendue devant des évènements qui la dépassent. On découvre une femme très humaine déchirée entre ses devoirs d’épouse d’un monarque dont elle veut sauver le trône et un amour impossible. L’espoir et l’angoisse font battre la chamade à son cœur jusqu’à l’ultime message écrit le matin de son exécution : "Je viens d’être condamnée, non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre mon mari, comme lui innocente, j’espère montrer la même fierté que lui dans ces derniers moments."


Mon avis :


  J'ai découvert récemment le film de Sofia Coppola basé sur la vie de Marie-Antoinette, et ça m'a donné envie de m'intéresser de plus près à cette personnalité énigmatique de l'Histoire. Ce petit livre s'inscrit dans cette continuité. J'y ai retrouvé avec plaisir les évènements que je connaissais déjà. Ca ne m'a pas dérangé plus que ça. On découvre dans ce livre, la vie et les sentiments de Marie-Antoinette par le biais de lettres qu'elle envoie et qu'elle reçoit. Mais à qui les envoie-t-elle? Mystère... Ca ressemble beaucoup à un journal intime. Elle n'hésite pas à y évoquer ses sentiments les plus intimes, et prend des risques en abordant même son amour pour un autre homme que le roi...

  J'ai vraiment aimé me replonger dans la vie de cette jeune reine qui ,comme toutes les filles de son âge, rêve d'amour, de fêtes, et d'amusements et se retrouve dépassée par un univers, des obligations et des moeurs qu'elle ne comprend pas. Sa naïveté est touchante. C'est un très bon livre que conseille à tous ceux qui s'intéressent à Marie-Antoinette mais aussi à ceux qui voudraient en savoir plus sur elle. Une jolie découverte.


  Le petit plus : Ce livre en tant qu'objet est un petit bijou. Le papier est classe et agréable et la couverture - beaucoup plus flashy que sur l'image - est vraiment jolie.


Un grand merci à    11966610  ainsi qu'aux éditions TriArtis.

 


***

" Mais qu'est-ce donc que la vie ? Est-ce de répéter les mêmes gestes et les mêmes paroles aux mêmes heures, d'avoir l'air heureux quand on a envie de pleurer, d'accueillir avec le sourire des gens qu'on déteste, de se soumettre à une étiquette ridicule, de subir les reproches de l'abbé et ceux de l'impératrice, de se contraindre pour tout, même dans l'intimité avec un mari qui n'est pas comme je l'aurais souhaité ? Je crois que la vie est de connaître l'amour et l'amitié. Mon coeur est fait pour aimer. De l'amour, je ne sais rien, ou plutôt, je n'ai pas le droit de savoir. "

 

***

 

(61 pages - Editions TriArtis - janvier 2009 - 8,50€)

 


 


Voir les commentaires

2010-04-13T15:46:00+02:00

D'un autre monde - Claude Crozon

Publié par MyaRosa

 

9782221114667-copie-1.gif

 

 

 

Quatrième de couverture :

 

1914. Appelés sous les drapeaux, les hommes de la famille Kergalin sont arrachés à leur Bretagne natale. Ils reviendront blessés ou traumatisés. Désormais, pour eux comme pour les femmes, qui ont dû s'organiser en leur absence : "Rien ne sera plus comme avant..."

Vaste fresque familiale éclairant notre temps, 'D'un autre monde' raconte l'épopée d'une famille dans le siècle. Emportés par le grondement de l'Histoire, les Kergalin trouvceront un point d'ancrage dans leur grande maison.
Affrontant le fracas des guerres & les assauts de la modernité, héros ou lâches, tour à tour jouets & maîtres de leur destin, ces hommes & ces femmes nous touchent comme s'ils étaient les membres de notre propre famille.

 

En romancière de talent, Claude Crozon atteint l'intimité la plus secrète de ses personnages. Elle nous fait partager leurs espoirs, leurs ambitions, leurs conflits, leurs passions, et nous plonge au coeur des liens qui permettent aux générations de sans cesse se réinventer.

 

Mon avis :

 

 Claude Crozon, psychanalyste, signe ici son premier roman et c'est une réussite ! Elle nous entraîne sur les traces d'une famille bretonne, la famille Kergalin et nous fait partager les histoires de cette famille sur près d'un siècle. Les personnages sont nombreux, sans qu'on s'y perde,et on s'attache à eux  très facilement. On découvre les horreurs de la guerre, les blessures que portent en eux les soldats et qui se répercutent sur leurs femmes, leurs enfants, leurs familles. C'est un roman très bien écrit et très touchant sur une famille qui traverse les décennies avec leurs lots de scandales, de mariages, de naissances, de décès, de trahisons et de surprises. C'est un gros pavé, mais je n'ai jamais trouvé le temps long. Les personnages évoluent, on apprend à les connaître, on les voit changer, c'est vraiment très intéressant de les suivre sur une si longue période. J'ai mis du temps à le lire, mais pour une fois, ça ne m'a pas dérangé. J'ai savouré ce livre et passé un très bon moment. Ce qui est remarquable, c'est qu'en plus de bien écrire, Claude Crozon arrive à changer de style d'écriture, à évoluer avec le temps qui passe, suivant la période racontée. Pour un premier roman, c'est vraiment bluffant. J'attends les autres avec impatience. On sent bien que le livre a été écrit par une psychanalyste, parce qu'on parle beaucoup de Freud et des thèses de ses confrères, mais aussi parce qu'elle s'intéresse à la psychologie des personnages, à leur passé et aux répercutions de leurs traumatismes d'enfance sur leur vie d'adultes.


 Ce premier roman est une vraie réussite. Une jolie saga familiale qui vous fera passer un très bon moment de lecture. L'écriture est agréable, poétique et j'ai aimé suivre la vie d'une famille sur une longue période. J'ai été particulièrement intéressée par les passages abordant les guerres. Ca fait froid dans le dos et c'est révoltant. C'est une façon d'aborder l'histoire qui m'a beaucoup plu. Comme on s'attache aux personnages, on est d'autant plus triste de les voir revenir blessés, traumatisés et de voir les sequelles qu'ils auront toute leur vie. Ca m'a donné envie de lire d'autres livres abordant les guerres. L'histoire est tellement bien écrite qu'on dirait presque une histoire vraie, un document. Il se passe énormément de choses, mais ça pourrait être vrai. Un roman glaçant, prenant et terriblement touchant.


Un grand merci à 

livraddict logo big


et

aux éditions

editions_robert_laffont-logo-872EABE1BA-seeklogo.com.gif


(469 pages - éditions Robert Laffont - 4 mars 2010 -  21€)

Voir les commentaires

2010-04-12T17:29:00+02:00

Mauvaise fille - Justine Lévy

Publié par MyaRosa

couv52964633.jpg



Quatrième de couverture et résumé :


" Maman est morte, je suis maman, voilà, c'est simple, c'est aussi simple que ça, c'est notre histoire à toutes les trois. Tu en mets du temps à raconter les histoires, je me disais quand elle me racontait une histoire dans mon lit. Là c'est allé vite, si vite, le regard de maman dans le regard de ma fille, c'est là qu'elle est, c'est là que je la retrouve, et dans ses gestes aussi, dans les gestes impatients, un peu brusques, de ma petite fille doublement aimée. Maman vit en Angèle qui court sur une pelouse interdite. Maman me parle et me sourit quand Angèle lance son regard de défi aux adultes qui la rattrapent et la grondent. Maman est là quand Angèle tombe et se relève aussitôt, les dents serrées, pour ne pas pleurer. Elle est dans le cri qu'elle ne pousse pas, dans sa petite grimace d'enfant crâne qui ne compose pas. Partout, dans mon enfant, ma mère a laissé son empreinte. "


*


Louise va mettre au monde son premier enfant, Alice, sa mère, se meurt. Elle aurait pu choisir un autre titre encore : Une fille à l’endroit, une mère à l’envers. Quand Louise va annoncer la naissance prochaine de sa fille Angèle à sa mère, recluse dans une chambre d’hôpital, l’impossible Alice se montre catégorique et lui affirme qu’elle se trompe. Une petite fille ne peut pas être enceinte. Pour Alice, Louise n’a pas grandi. Elle est le fruit d’un amour de jeunesse qui n’aura pas duré mais dont le père de Louise lui-même ne s’est sans doute jamais consolé. Si Louise a grandi, Alice n’est plus aimée.

Quand, après la disparition de sa mère, Louise retrouve son répertoire, elle comprend peu à peu qu’hormis les souvenirs indélébiles, ce carnet confus et sentimental est la seule chose qui va lui rester. À elle de recomposer la vie fracassée de cette femme au moment où elle doit envisager le présent et l’avenir de sa petite Angèle.



Mon avis :


  J'ai découvert Justine Lévy avec son précédent roman, Rien de grave, que j'avais lu sans connaître toute l'histoire people et sans savoir qu'elle était la fille de Bernard-Henri Lévy, je pense que c'est important de le préciser. Je l'ai donc lu sans préjugés, sans rien attendre, et j'ai été bluffée par son talent et sa maîtrise des mots qui ont su me toucher. J'ai d'ailleurs lu ce livre plusieurs fois. C'est donc avec beaucoup d'impatience que j'attendais la sortie de son nouvel opus, et voilà, aujourd'hui c'est chose faite et je ressors de cette lecture toute chamboulée. Pourquoi ? Parce que le thème me touche particulièrement et me renvoie à mes souvenirs, à mon histoire, mais aussi parce que j'ai, encore une fois, été transportée par ses mots dans un tourbillon d'émotions diverses et variées. J'avais envie de crier, de pleurer, et même si ce ne fût pas une lecture facile, je suis contente d'avoir pu m'identifier à la narratrice, de lui avoir laissé mettre des mots sur ma douleur, ma rancœur.


  Justine Lévy parle, comme dans ses précédents livres, de la maladie de sa mère et de leur relation difficile et particulière. Je ne sais pas où est le vrai, où est le faux, et je ne veux pas le savoir. L'émotion est là et c'est tout ce qui importe. La narratrice s'appelle Louise, et cette jeune femme tombe enceinte par accident, alors que sa mère se meurt d'un cancer dans une chambre d'hôpital. Louise ne se sent pas prête à affronter la maternité et refuse de croise que sa mère va mourir. Elle n'ose pas lui en parler, se sent coupable de porter la vie alors que sa mère s'éteint. Elle va jusqu'à ce sentir responsable en pensant que l'être qui grandit dans son ventre aspire le peu de vie qu'il reste à sa mère. Elle revient sur ses souvenirs, bons et mauvais, sur son enfance difficile, sur l'absence de sa mère paumée et droguée, sur ce qu'elle a aimé, ce qu'elle regrette. Et puis des fois, elle nous parle de son enfant, de sa petite fille qui lui rappelle tant sa mère. Cette mère qui vit dans les rires, les sourires, et les colères de son enfant. Cette mère qui sera toujours là, quoi qu'il arrive. On ne remplace pas une maman.


  Comme je l'ai dit plus haut, ce roman m'a bouleversée. Justine Lévy, avec son style bien à elle, sait peindre les émotions, la douleur, l'amour, la haine, comme personne. Ses mots sont justes, durs, elle vous envoie sa peine en pleine figure, elle vous crache sa douleur, elle n'hésite pas à dire ce que les autres taisent, elle vous prend aux tripes, aspire votre air, et ne vous repose qu'une fois le livre terminé. Un livre choc, dur, mais salvateur. Un livre difficile mais plein d'espoir. Un livre à lire absolument !

 

coccinelles.gif



***


«  Elle croit que je suis sa mère. Ça me fait peur, cette confiance qu'elle met en moi. C'est pas normal, je me dis. Elle le croit vraiment, que je suis sa mère. Elle ne sait pas que je suis cinglée, mauvaise, une catastrophe ambulante, un bloc de culpabilité, une punition. Je peux faire ce qui me chante, la mal aimer, la mal élever, la maltraiter même si je veux, […] elle m'aimera pareil, elle n'a pas le choix, elle m'aimera. »


«  L'étage de maman, c'est l'étage de ceux qui vont bientôt mourir. Mais c'est une erreur, n'est-ce pas ? Si maman est là c'est bien parce qu'il n'y avait pas de place ailleurs ? Depuis la chambre de maman, on entend l'agonie des autres. Leurs râles. Les pleurs des proches. Leurs plaintes. Pas nous. Nous on n'est que de passage. […] Maman sortira bientôt. »


« […] je n'y ai pas cru. Je pense, aujourd'hui, que maman, elle, a compris. Mais moi non. Le ciel ne pouvait pas mourir. Ni la lune. Ni maman. Si maman meurt, je me disais, alors c'est que les bateaux peuvent voler, les chats pleurer, les maisons chanter à tue-tête. Pas possible. »


« Ça y est, elle est morte. Je devrais être soulagée, mais je ne suis pas soulagée. Maman est morte. Pourquoi, alors, a-t-elle encore l'air d'avoir si mal? Dehors, dans la cour, une femme a hurlé, et j'ai cru que c'était moi. Mais non, je n'ai pas hurlé, je n'ai rien dit, j'ai les mains jointes sur mon ventre, je ne pense à rien, je ne veux pas pleurer, je ne veux pas m'effondrer, j'attends que les gens arrivent, j'attends un moment décent pour sortir de cette chambre, je suis monstrueuse, […] je ne sais plus où j'en suis, je ne sais plus qui je suis, je suis sonnée, je me hais. »


« Je reviens dans la chambre. Pablo a éteint la lumière. Ah ben d'accord, super, je constate en shootant dans un oreiller et en déplaçant une chaise exprès. Si je comprends bien, j'ai pas le droit de lire ? Il se lève tôt demain, il proteste, il a un rendez-vous important. Je sais qu'il faut pas le stresser, qu'il a besoin de dormir, mais c'est plus fort que moi, j'ai envie de le provoquer, de l'agresser, et qu'il m'agresse aussi, une bonne scène, une bonne engueulade bien vivante, et le rendre responsable de tout, et qu'on se batte, et qu'on se fasse du mal, et que j'aie une bonne raison, une raison objective, claire, sans bavure, de me plaindre et d'aller mal. Quelque chose de bénin mais de net. Une dispute de couple bien sordide. Tout plutôt que cette boule que je sens grossir dans ma gorge, ce malheur qui veut sortir à tout prix, et tout éclabousser, et tout salir. »


« […] j'étouffe, je vais ouvrir la fenêtre mais c'est comme ouvrir un four, aller me jeter dans la chaleur du dehors, tout m'oppresse, le ciel, les nuages, les voisins, les voitures, le monde des vivants, […] et puis surtout ce bureau qui servait de chambre à maman, l'air est irrespirable, chargé de son parfum, de l'odeur de ses vêtements, ça suinte la maladie, la douleur et la mort, ça s'est imprégné partout, je peux pas rester dans cette pièce, je peux toucher à rien, comment peut-elle être si présente alors qu'elle n'existe plus, comment son odeur peut-elle s'être incrustée comme ça alors qu'en comptant l'hôpital ça fait facile six mois qu'elle n'est plus là, j'ai envie de vomir. »


« De quoi est-ce que j'aurais l'air ? Au fur et à mesure que mon ventre s'arrondit, que ma fille en moi grandit, c'est l'enfance en moi qui s'éloigne. Faut apprendre à être adulte, je le sais. Mais comment on fait pour ça, quel livre on lit, quel conseil on prend, quels cours, quel mode d'emploi ? »


«  Il les garde toujours sur lui, les échographies. On n'y voit pas grand chose, surtout sur la première, celle qu'il préfère, je n'ai jamais compris pourquoi, et qu'il montre à tous les gens qu'il rencontre. Eux n'y voient qu'une tache, une goutte, une petite masse, une fumée. Mais, pour lui, c'est une vie. Une vie parmi des milliards de vies possibles. Cette vie-là. Pas une autre. […] Il s'y accroche tant qu'il peut, à cette vie. Il n'a que ça, lui. Il n'a pas le gros ventre. Il n'a pas les nausées, les pieds qui enflent, les chaussures qui ont l'air de chaussons. Alors, pour lui, c'est pas une goutte, c'est un océan. C'est pas une vie, c'est la vie. Il est si content. C'est son enfant. »


« Dehors, dans la rue, tout est pareil, rien n'a changé, les gens se hâtent, ils rentrent chez eux. Maman ? C'est moi, je suis rentrée. Quelle est ma place, maintenant, dans ce monde sans maman ? »


« Parfois, des gens que je connais à peine me demande de ses nouvelles. Mais comme je suis méchante, je les torture un peu. Maman ? Elle est morte, je réponds en souriant, froidement, sans ciller, mais comme j'aurais dit maman est au ciné. Elle est morte, je leur répète, en les regardant droit dans les yeux, en les forçant à baisser les leurs, à encaisser. Il n'y a pas de Maman. Il n'y a plus que Maman-est-morte. Sa-mère-est-morte, […] c'est un fait, c'est établi, j'ai les papiers, je peux le prouver. C'est comme ça qu'elle existe, maintenant, maman. Maman-est-morte, c'est le nouveau nom de maman. Et c'est ma façon aussi de mettre une barrière entre eux et moi, entre sa mort et leur pitié sirupeuse, sur-jouée, indécente. Et c'est ma façon, encore, de leur refiler, quand même un bout de ma peine. Même s'ils font semblant, ça fait rien. C'est bien qu'ils la pleurent aussi un peu, qu'ils m'allègent de ce chagrin [...] »


«  Tu sais bien que je mens tout le temps, c'est comme ça, […] ça me protège, ça me fait du bien, c'est peut-être quand je mens que je suis le plus sincère [...] »


«  Je sais que la date me poursuivra, que je vieillirai à la place de maman, que je prendrai chaque année deux ans, un pour moi, un pour elle, jusqu'au jour où je serai plus vieille qu'elle et que le temps m'aura rattrapée, il ne suffit pas de dire je ne crois pas au temps pour que le temps n'existe pas et qu'on ne souffre pas atrocement le jour de l'anniversaire de la naissance ou de la mort de sa maman. »


***


(194 pages - éditions Stock - septembre 2009 - 16,50€)

 

 

Voir les commentaires

Girl Gift Template by Ipietoon - Hébergé par Overblog