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litterature francophone

2010-04-09T17:30:00+02:00

Les Filles sont au café - Geneviève Brisac

Publié par MyaRosa

 

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Quatrième de couverture :


Se réfugier derrière un café fumant, ou dans la « seconde vie », dans les livres et les rêves. Songer au temps qui passe plus vite qu’une cigarette ne se consume. Surtout, raconter des histoires : un chauffeur de taxi qui récite Baudelaire, un déjeuner à treize convives, une fillette qui devient aphone. Des histoires poignantes, loufoques, anodines, et qui disent tout.


" Je me demande où elle est,

où est-on quand on lit ?

Elle est seule au monde. "


" Un livre lumineux, sorte de manifeste littéraire d'une romancière au sommet de son art. "

Le Journal du dimanche


Mon avis :


 Comment parler de ce livre ? Par où commencer ? Ce qui est indéniable, c'est qu'il ne ressemble à aucun autre. Il est découpé en petites histoires de quelques pages, parfois même quelques lignes. Je m'attendais à un recueil de nouvelles mais ça n'y ressemble pas. Les histoires sont des petits morceaux de vie piochés ici et là. On retrouve souvent les mêmes personnages, mais pas toujours. Si j'ai été séduite par l'écriture dès les premières pages, j'ai eu bien du mal à rentrer dans ce livre. Pour être honnête, je suis arrivée péniblement à la moitié en me disant que si ça n'avait pas été un partenariat je l'aurais déjà laissé tomber. J'ai mis beaucoup de temps à le lire, je lisais une petite histoire de temps en temps mais sans conviction. Et puis j'ai lu quelques critiques positives dont le très joli billet de L'Or des chambres qui m'a donné envie de m'accrocher. Et là... miracle?! J'ai à peine repris le livre que j'étais déjà dedans. Ca m'a fait rire, sourire et j'ai trouvé les mots magnifiques. Pour tout vous dire, ça m'a tellement plu que j'ai décidé de le relire depuis le début. Et là encore, j'ai été surprise de voir à quel point les pages défilaient rapidement, à quel point les mots étaient justes et beaux. Ce livre qui m'ennuyait au plus haut point est finalement un coup de coeur ! C'est effrayant de se dire qu'il y a des moments où on passe à côté d'un livre juste parce qu'on ne l'a pas lu au bon moment. On en parle souvent, mais pour moi, ça n'a jamais été aussi véridique qu'avec ce livre !


 Geneviève Brisac écrit merveilleusement bien et je suis totalement d'accord avec l'avis publié dans le Journal du dimanche sur la quatrième de couverture. Le style et la forme du livre sont déconcertants au début mais terriblement séduisants par la suite. C'est un livre très original et vraiment marquant. En lisant certaines histoires, je me suis dit "Mais où va t'elle chercher tout cela?", mais je me suis reconnue dans la plupart d'entre elles. Certaines sont vraiment touchantes, notamment celles où on retrouve Nils, un adorable petit garçon. Elles sont toutes criantes de vérité et nous confrontent à notre propre vie, à nos souvenirs, à nos angoisses, à nos rêves.  J'ai beaucoup aimé les contes de fées revisités et je suis tombée amoureuse de certaines phrases que j'ai lues et relues un nombre incalculable de fois. En plus d'être pleines de réflexion et d'intelligence, ces petites histoires sont parfois à mourir de rire. Que demander de plus ? Si vous n'êtes toujours pas convaincus, je vous invite à découvrir quelques passages qui, je l'espère, achèveront de vous convaincre...


 Je remercie le forum  11966610.png  et les éditions  logo-points.png  pour cette magnifique découverte.


***


" Il fait gris, l'automne est là, la lumière s'enfuit.

Comment réveiller le monde ? m'a demandé Arnaud.

Il avait cette fougue que je regrette souvent, je fouille mes poches, je me demande où elle est passée. Et je me dis : comment me réveiller moi ? Il y a des jours, des semaines entières où l'on ne se réveille pas.

 Et il va de soi que si vous ne pouvez vous réveiller vous-même, il est bien prétentieux de songer - même une seconde, même pour rire - à réveiller le monde, même une seule fois, et d'une seule façon.

Je cherche ma façon. [...] Mais j'ai l'impression que le monde ne va, once more, pas avoir envie de se réveiller. "


" Je suis opposée à cette banalisation de l'emploi des femmes de ménage, quel que soit le nom qu'on leur donne, assistante ménagère, aide à domicile, esclave, salariée, bonne, ramasseuse des déchets de nos vies lamentables et pasteurisées. Pourquoi un être humain devrait-il faire appel à un autre être humain pour laver le sol qu'il a taché, repasser le linge qu'il a froissé, éplucher les légumes qu'il va manger, recoudre les tissus qu'il a déchirés, oui, pourquoi, et quelle différence cela fait-il avec toutes les anciennes pratiques esclavagistes que nous vomissons ?"


" Lire le journal en buvant un café fait exister le monde."


" Je vois nos vies, ce qu'il en reste. Du pain et des rêves, il ne reste que croûtons et cauchemars."


" Partons sur les routes, je chante une chanson de marche qui me ragaillardit, ensemble nous avons marché, marché le long des routes, ensemble nous avons cherché. Je ne sais plus ce qu'on cherchait, la révolution, le bruit de nos voix, le charme de nos slogans creux, ensemble, cela n'a pas grande importance, des fleurs aux creux des vallons sans doute, je volette entre les murs jaunâtres, ils ne nous auront pas. On peut encore s'enfuir, il faut que je pense à le dire à Ramon. La cuisine sent une odeur de rouille, comme si des artichauts avaient mijoté pendant des semaines. Je cherche des bouts d'âme abandonnés par les anciens occupants. Une variété humaine, me semble t-il , aux besoins en oxygène extrêmement réduits."


" J'ai fui dans un autre quartier, j'ai changé mes habitudes, comme on fait quand on fuit un amour : on prend soin d'éviter les lieux qui l'évoquent, les allées où l'on a marché sans savoir son bonheur, les ruelles où l'on a échangé des baisers. Les cafés où l'on a échangé les insultes définitives.

 Je connais des gens, à force, ils ne peuvent plus aller nulle part, tout lieu corrompu et empoisonné par d'anciennes amours. "


***


(270 pages - éditions Points - 11 mars 2010 - 7€)


ATTENTION : Ce livre existe également sous le titre 52 ou la seconde vie

 


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2010-03-29T15:22:00+02:00

Boomerang - Tatiana de Rosnay

Publié par MyaRosa

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Résumé :

Sa soeur était sur le point de lui révéler un secret... et c'est l'accident. Elle est grièvement blessée. Seul, l'angoisse au ventre, alors qu'il attend qu'elle sorte du bloc opératoire, Antoine fait le bilan de son existence : sa femme l'a quitté, ses ados lui échappent, son métier l'ennuie et son vieux père le tyrannise. Comment en est-il arrivé là ? Et surtout, quelle terrible confidence sa cadette s'apprêtait-elle à lui faire ?


Mon avis :

 C'est le quatrième livre de Tatiana de Rosnay que je lis et j'aime vraiment beaucoup son écriture et ses histoires... On suit ici le quotidien d'Antoine qui se sent dépassé par tout ce qui lui arrive, il faut dire que sa vie n'est vraiment pas de tout repos. Sa femme l'a quitté un an plus tôt pour un autre homme, son fils et sa fille aînés sont en pleine crise d'adolescence et le petit dernier ne rêve que d'un chose : voir ses parents de nouveau ensemble. Antoine a perdu sa mère quand il était jeune, son père s'est vite remarié, et depuis leur relation n'est plus ce qu'elle était. Alors pour faire plaisir à sa soeur, et pour se changer les idées, il décide de l'emmener fêter son anniversaire dans l'hôtel en bord de mer où ils passaient leurs vacances étant jeunes. Les souvenirs refont surface et sur le chemin du retour, sa soeur s'apprête à lui avouer quelque chose qu'elle cache depuis très longtemps... Bouleversée par cette révélation, elle perd le contrôle du véhicule...

 Tatiana de Rosnay nous entraîne dans une terrible histoire pleine de secrets, de non-dits et de questions. C'est une histoire bouleversante. Antoine est attachant, on a envie de comprendre la vérité avec lui, on a envie de l'aider à se relever car c'est un homme brisé. Il aime toujours son ex-femme et ne se remet pas de leur divorce, ses relations avec son entourage sont tendues, ses enfants passent tout leur temps sur leur ordinateur et il se sent terriblement seul. On plonge avec lui dans les méandres de sa mémoire à la recherche de la vérité. Avec tous les malheurs qui l'entourent, on se demande vraiment s'il va pouvoir se relever un jour... C'est un personnage innatendu qui va tenter de l'aider, Angèle, une
thanatopractrice énigmatique et sensuelle qui roule en harley.

 J'aime beaucoup les histoires de secrets de famille et celle-ci est vraiment passionnante. Elle offre en plus une réflexion intéressante sur la mort et sur le deuil qui sont omniprésents dans le roman. L'écriture est, encore une fois, très agréable. Je ne peux que vous conseiller de le lire !
J'ai hâte de me plonger dans un autre livre de Tatiana de Rosnay car je passe toujours un agréable moment. J'avais adoré La Mémoire des murs, Moka et Le Voisin que je vous conseille également. Bonne lecture et n'hésitez pas à me faire part de votre avis.

(376 pages - Editions Héloïse d'Ormesson (Littérature Etrangère) - 2 avril 2009)
Sortie poche : 7 avril 2010

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2010-03-23T19:38:00+01:00

Le Libraire - Régis de Sá Moreira

Publié par MyaRosa

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Résumé :


- Vous l'avez lu ?
- Oui, dit le libraire.
- Moi aussi, répondit le jeune homme.
Le libraire lui sourit. Le jeune homme prit confiance :
- Mais je l'ai offert à quelqu'un… à qui je n'aurais pas dû l'offrir.
- C'est difficile d'être sûr de ces choses-là, répondit le libraire.
- Oui, dit le jeune homme.
- Ne désespérez pas, dit encore le libraire. Certains livres sont à retardement…

***

"Un coup de coeur, pur concentré de poésie et de tendresse, façon Amélie Poulain.
Erwan Desplanques, Télérama

"Ne pas lire trop vite, pour faire durer le plaisir."
Bernard Plessy, Le Bulletin des Lettres


Mon avis :

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 Ce petit livre dormait dans ma PAL depuis quelques mois, et je ne regrette qu'une chose : ne pas l'avoir lu plus tôt. Je ne sais pas vous, mais moi j'adore les livres qui parlent de livres. Ca me plait de pouvoir comparer les habitudes d'autres amoureux des livres, voire de m'idenfier à eux. Ce petit livre est complètement déjanté et vraiment unique en son genre. Les dialogues sont souvent drôles et ce libraire est vraiment hallucinant. Sa librairie est ouverte 24h/24, 7j/7, il vit dedans, et sa vie est rythmée par le passage des clients : il se lève quand le premier arrive dans sa boutique et il ne se nourrit que de livres et de tisanes. Il ne met sur ses étagères que les livres qu'il a lu et qui lui conviennent et congédie les clients qui voudraient acheter des "livres de merde". Plus qu'un métier, les livres sont toute sa vie. Dans cette histoire, le réel et l'imaginaire se partagent la vedette, ainsi la mort, Dieu, le Dalaï-Lama, et la tristesse sont des personnages à part entière qui font de temps en temps irruption dans la librairie.

 L'écriture est particulière, étrange et en parfait accord avec le récit. Les dialogues sont percutants et certains m'ont fait rire à n'en plus pouvoir m'arrêter et pourtant je me disais "Mais c'est pas si drôle que ça ! " Cet étrange libraire est sympathique et terriblement attachant. Il n'aime pas les couples et va jusqu'à ce cacher sous son bureau pour ne pas voir certains clients. Bon, il faut le reconnaître, c'est un livre assez particulier qui ne plaira pas à tout le monde (décidemment, en ce moment je les collectionne), mais c'est ce qui fait son charme, et je ne vois pas comment un amoureux des livres et des mots pourrait ne pas y être sensible. C'est un livre plein d'humour, mais aussi plein de poésie, d'amour et de beauté.

 J'avais apprécié Zéro tués du même auteur, mais celui-ci est, de mon point de vue, encore meilleur. Peut-être parce qu'il parle des livres, peut-être parce que je me suis davantage identifiée à ce personnage, je n'en sais rien, ce que je sais c'est que j'ai vraiment adoré ce petit livre drôle et original. C'est un livre très court, à lire d'une traite, qui donne envie de lire, encore et encore et d'aller flaner dans des petites ruelles à la recherche d'une librairie isolée et intime où les livres sont bien plus encore pour son propriétaire qu'un gagne-pain.

Le petit + dont j'avais oublié de parler : j'adore la couverture ! On ne voit pas bien sur l'image, mais sur les petits papiers des sachets de tisane ou de thé, ce sont en fait des résumés de livres très célèbres : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee, La Fille du capitaine de Pouchkine, ... C'est en parfaite adéquation avec l'histoire et je trouve l'idée vraiment sympa. Moi aussi je veux une infusion aux livres! Je termine ce billet par de petits extraits qui je l'espère, vous donneront envie de découvrir ce livre si vous n'êtes pas encore convaincus, et aussi par une petite phrase que vous ne comprendrez qu'après l'avoir lu : " Il y a beaucoup de choses intéressantes à apprendre sur les icebergs."

***

" Le libraire aimait l'idée de clients se retrouvant seuls devant un océan, une marée plus exactement, de livres, sans personne pour les observer. Il aimait l'idée que les livres existent sans lui. Il se demandait s'il n'aimait pas aussi l'idée de ne pas exister. "

" Le libraire refusait de vendre de la merde. "Mais qui était-il pour décider ainsi de la merde ," lui faisait-on parfois, et pas toujours si poliment, comprendre. Eh bien, il était le libraire. Et ça lui semblait suffisant. Les gens n'avaient qu'à se rendre dans l'une ou l'autre des nombreuses librairies de la ville, ou bien aller s'ouvrir leurs propres librairies, se vendre et s'acheter leurs merdes, le libraire ne voyait pas pourquoi se serait à lui de le faire. Lui refusait la merde."

" L' idée d'un client à la recherche désespérée d'un livre se retrouvant devant une porte fermée l'angoissait. [...] Au début, le libraire fermait la librairie le soir et se cachait à l'intérieur en attendant le client à la recherche désespérée d'un livre. Il s'imaginait lui faire la surprise et rouvrir tout d'un coup sa librairie pour lui. Mais le client n'étant jamais apparu, le libraire, las de l'attendre, avait sorti ses pinceaux et ouvert pour toujours sa librairie."

" En bon gardien, le libraire suivait la vie de ses livres, saluait ceux qui partaient et accueillait les nouveaux venus. Il veillait sur leur sommeil, sur leur propreté et vers midi, le libraire allait jusqu'à nourrir ses livres, c'est-à-dire qu'il en prenait quelques-uns au hasard et en lisait des passages aux autres, à voix haute, en marchant dans les allées."

" Lorsqu'un client nocturne se présentait, le libraire l'accompagnait parmi les étagères en tenant la lampe à pétrole à bout de bras, tantôt à la hauteur de son visage, tantôt à la hauteur du visage du client. "

" Lorsque, au milieu de la journée, il n'avait plus la force de lire, le libraire, les yeux grands ouverts, rêvait. Et lorsqu'il rêvait, il rêvait qu'il lisait."

" [...] le libraire remarqua d'un seul coup d'oeil que quelques livres avaient été volés. "Enfin des gens qui ne volent pas de la merde", se dit-il rapidement."

" - Bonjour, je cherche Madame Bovary, dit un client à l'air intelligent.
  - Madame Bovary, c'est moi, répondit le libraire. "

" A la tombée de la nuit, la porte de la librairie restait grande ouverte et le libraire, assis sur le pas, lisait à voix haute et au clair de lune. Le bar-tabac était déjà fermé, la rue était calme. Seuls les jambes, les avant-bras, et le livre que lisait le libraire dépassaient de la librairie. De temps en temps, un chat venait s'y frotter ou grimpait sur l'épaule du libraire pour se glisser à l'intérieur. Le libraire le laissait faire. Le chat se lassait vite de la compagnie des livres et de l'odeur des tisanes. Il sautait parfois sur la tête du libraire pour retrouver l'air libre."

***

 

(190 pages - Le Livre de Poche - 13 septembre 2006 - 5,50€)

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2010-03-10T17:39:00+01:00

Le Café de l'Excelsior - Philippe Claudel

Publié par MyaRosa
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Synopsis :

Viens donc Jules, disait au bout d’un moment un buveur raisonnable, ne réveille pas les morts, ils ont bien trop de choses à faire, sers-nous donc une tournée…Et Grand-père quittait son piédestal, un peu tremblant, emporté sans doute par le souvenir de cette femme qu’il avait si peu connue, si peu étreinte, et dont la photographie jaunissait au-dessus d’un globe de verre enfermant une natte de cheveux tressés qui avaient été les siens, et quelques pétales de roses à demi tombés en poussière. Il saisissait une bouteille, prenait son vieux torchon à carreaux écossais et, lent comme une peine jamais surmontée, allait remplir les verres des clients.

Mon avis :


  Je viens de dévorer cette nouvelle que j'ai trouvé vraiment très belle. J'ai découvert Philippe Claudel il y a un peu plus d'un an, avec Les Ames grises qui a été un véritable coup de coeur pour moi. Je trouve son écriture poétique et magnifique. Les phrases sont tellement bien trouvées, tellement belles que je m'arrête souvent en pleine lecture pour les relire. J'ai retrouvé la même chose dans cette nouvelle, bien que le sujet soit complètement différent. Ici il est question d'un petit garçon de huit ans, qui après la mort de ses parents part vivre chez son grand-père. Celui-ci tient un bistro, et le petit passe beaucoup de temps à observer ce qui s'y passe. Des années plus tard, il revient sur ses souvenirs d'enfance et ses trois années passées au café de l'Excelsior. C'est un récit touchant, plein d'émotion, de nostalgie, de joie, qui m'a vraiment bouleversé. C'est tellement bien décrit qu'on a l'impression de vivre les souvenirs du narrateur. J'ai passé un très bon moment et j'ai déjà très envie de me plonger dans un autre livre de Philippe Claudel. Je vous laisse avec quelques passages que j'ai aimé, ils seront bien plus éloquents que tout ce que je pourrais en dire, et j'espère qu'il vous donneront envie de découvrir cette petite merveille.

***

" Va donc petit, je te pardonne, mange la vie car c'est du sucre à ton âge ! "

" Mais quand l'autre était parti, il finissait par répondre à haute voix, parlant à je ne sais quel fantôme, que les robes de mariées sont encore plus belles quand les années déposent en leurs soieries la fatigue des jours, et qu'un rideau retient parfois, en plus de la crasse, un peu des peines du monde et tous les sourires d'une vie."

" Quand nous marchions dans la Grande Ville, Grand-père et moi, nous avions l'air de deux égarés, gauches de gestes et d'allure. Nous n'étions pas chez nous. Sa grosse main serrait tant la mienne, chétive, qu'au soir de ces promenades, il avait tant pressé mes doigts que je ne pouvais les décoller et qu'ils restaient blancs comme des haricots beurre. "Ne me quitte pas" me répérait-il sans cesse, et ses propos me paraissaient toujours porter bien au-delà des après-midi citadines pour s'appliquer à une vie que je pressentais riche en aspérités. "

" Nous terminions notre périple sous les arbres taillés qui bordaient la place de la République. Au centre de celle-ci, la statue verdâtre d'un homme en redingote accueillait les merdes de pigeons avec une sérénité de bronze. Grand-père m'expliqua un jour qu'il s'agissait de Monsieur Thiers, un des plus fameux bouchers du siècle précédent, et que sa statue n'était pas là pour honorer sa mémoire, mais pour que les oiseaux de leurs fientes vengent toutes les créatures qu'il avait jadis assassinées. "

" Je fus sage à m'en tuer de gentillesse, même avec les pires individus, ceux qui d'un petit mot méchant savent semer des cailloux dans nos coeurs [...] "

" Nous délaissent sans prévenir les plus beaux de nos jours, et les larmes viennent après, dans les après-midi rejouées de solitude et de remords, quand nous avons atteint l'âge du regret et celui des retours. Les visages et les gestes que nous traquons dans l'ombre des puits de nos mémoires, les rires, les bouquets, les caresses, les silences boudeurs, les taloches aimantes, l'amour et le don de ceux qui nous mènent au seuil de la vie creusent notre souffrance autant qu'ils nous apaisent."

***

(86 pages - Le Livre de Poche - 23 décembre 2006 - 4,50€)

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2010-02-08T20:48:00+01:00

Tête de piaf de Philippe Crognier

Publié par MyaRosa



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Résumé :

« Y’en a qui ont le cœur trop large pour vivre comme toi et moi… » chante Brel.
Robin et Jeannine sont de ceux-là : ils ont le cœur sur la main et l’auberge accueillante. Aux repris de justice puis, la retraite venue, aux âmes en peine et aux paumés de tous horizons. SDF en cavale, amoureux trahi, femme d‘affaires et chanteur de seconde zone abasourdis par le vide de leur vie…, tous finissent par atterrir au Point du Jour. Parmi eux, Pierre, treize ans, qui tait le secret de sa solitude.
Et, dans ce havre, miraculeusement, les tourments s’apaisent, les cœurs cicatrisent, la vie renaît. On réapprend le bonheur. Un beau matin, un break 504 crissera dans la neige pour rendre à Pierre la mémoire des jours heureux.
Cette histoire vivement menée baigne dans une tendresse souriante, dans une chaleureuse folie douce, qui nous rendent ces éclopés de l’âme étonnamment proches.



Mon avis :


 Tête de piaf est un petit livre qui fait du bien. Tous les personnages de cette histoire sont des écorchés. Ils souffrent chacun d'un mal qui les ronge : la pauvreté, une femme infidèle, une vie ratée, un manque d'amour,des rêves brisés... On découvre tour à tour l'histoire de chacun, les personnages sont présentés les uns après les autres et on s'y attache immédiatement, qu'on s'identifie ou non à l'un d'entre eux. Après avoir découvert tous ces êtres malheureux, on attend avec impatience leur rencontre. Ensemble ils vont retrouver le sourire, discuter, jouer, faire la fête, et tenter de décrocher quelques parcelles de ce bonheur qui leur faisait défaut, allant même jusqu'à intervenir dans la vie des uns et des autres, offrant ainsi aux lecteurs quelques scènes vraiment cocasses.

 C'est une histoire belle et émouvante que nous présente Philippe Crognier dans un style que j'ai beaucoup aimé. L'écriture est légère, fluide, drôle et j'ai beaucoup apprécié le découpage en cours paragraphes. C'est le genre d'histoires qui met du baume au coeur, le genre de livres qu'on aimerait lire plus souvent car ils redonnent le sourire et viennent égayer les longues soirées d'hiver. J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à découvrir ce livre. Je me suis laissée attendrir par tous ces personnages écorchés dont je me suis sentie proche. Et petit bonus : je connaissais certaines villes citées dans le récit puisque je suis originaire de Picardie, et ça m'a vraiment fait plaisir de retrouver un petit quelque chose de chez moi dans ce livre.

 Vous l'aurez compris, je viens de faire une très belle découverte et je vous conseille vivement de lire ce petit bijou. Je remercie grandement Livraddict ainsi que les éditions Abel Bécanes de m'avoir accordé leur confiance pour ce partenariat qui fût pour moi une merveilleuse surprise.
J'ai maintenant bien envie de découvrir d'autres oeuvres de Philippe Crognier.

(110 pages - Editions Abel Bécanes - 2007 - 12€)

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2010-02-04T14:46:00+01:00

A Mélie, sans mélo de Barbara Constantine

Publié par MyaRosa
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Résumé :

Mélie, soixante-douze ans, vit seule à la campagne. Pour la première fois, sa petite-fille, Clara, vient passer les grandes vacances chez elle. La veille de son arrivée, Mélie apprend qu'elle a un problème de santé... Elle verra ça plus tard. La priorité, c'est sa Clarinette chérie ! Durant tout l'été (le dernier ?), Mélie décide de fabriquer des souvenirs à Clara. Des rigolos. Comme regarder pousser les bambous en écoutant La Traviata, chanter sous la pluie des chansons de Nougaro, goûter les mauvaises herbes qui poussent le long des chemins. Il y a aussi le vieux Marcel, qui va apprendre à Clara à faire de la mécanique... Et puis, comme la vie est vraiment dingue parfois, il y a Mélie qui va enfin rencontrer le grand amour... Cent cinquante ans à eux deux ? Mais quand on aime, on ne compte pas !

Mon avis :

 J'ai découvert ce livre sur le blog de Del. J'avais déjà entendu parler du précédent roman de Barbara Constantine, Allumer le chat, qui me tente également, mais je n'ai pas résisté à celui-ci car j'avais bien envie de passer des vacances à la campagne, et tant pis si c'est par procuration.

  Avant même de commencer le livre, en lisant la dédicace de l'auteur et la citation qui précède le texte, je trouvais déjà l'écriture de Barbara Constantine loufoque et pleine d'humour donc ça commençait vraiment bien. Et la suite? Dans le même esprit! Je n'ai pas du tout été déçue par ce roman que j'ai trouvé drôle, émouvant et qui m'a fait voyager dans mes propres souvenirs d'enfance. Je me suis revue plus jeune, en vacances chez mes grands-parents avec mes cousins, grimpant dans les arbres, mangeant des framboises. J'étais redevenue une petite fille et le récit se mélangeait avec mes propres souvenirs jusqu'à ne plus se dissocier. C'est un sentiment vraiment étrange qui m'a bouleversé. J'ai ri, j'ai pleuré, ça m'a complètement chamboulé. J'ai eu envie d'appeler ma grand-mère pour lui dire comme je l'aime, de reprendre contact avec mes amis d'enfance perdus de vue.

 L'écriture est agréable, drôle, et le récit est divisé en chapitres très courts (ce que j'aime beaucoup). Mélie est une grand-mère fabuleuse, pleine d'amour et de bonnes intentions, Clara est une petite fille intelligente, sensible et drôle. Les deux s'entendent merveilleusement bien et Mélie entraîne sa petite fille dans des aventures dont elle se souviendra toute sa vie. Mélie est malade, qu'importe, elle verra ça plus tard. Elle préfère vivre sa vie à fond plutôt que de se morfondre sur son triste sort. Alors elle profite, elle fait le bien autour d'elle, elle fait du vélo, elle s'amuse, elle rit, et puis... elle est amoureuse aussi! Clara aussi est amoureuse. Elle se confie à sa grand-mère, lui présente Antoine qui vient passer quelques jours avec elles pour les vacances, et ils s'amusent tous ensemble en oubliant même leur différence d'âge. La fille de Mélie retombe dans les bras d'un amour de jeunesse, le vieux Marcel se décide enfin à déclarer sa flamme, le parrain de Clara, un ado de quarante-sept ans les rejoints pour les vacances... Plus on est de fous plus on rit! Quelle joyeuse petite troupe, et quel dépaysement! J'ai vraiment eu l'impression de passer des vacances à la campagne et je n'avais vraiment pas envie que ça s'arrête. J'ai vraiment a-do-ré!

 Mon avis n'est peut-être pas très objectif, puisque je me suis un peu mélangée les pinceaux entre le récit et mes souvenirs, mais peu importe, ce livre est un gros coup de coeur! Je ne peux rien vous promettre, il n'a rien de sensationnel, rien d'absolument original, mais il est plein de joie et d'amour et il m'a vraiment bouleversé. J'en garderai un excellent souvenir et je sais déjà que je le relirai quand j'aurais besoin d'une bouffée d'air frais, d'un peu de vacances à la campagne et de nostalgie. Ce livre, c'est du bonheur tout simplement...

(250 pages - Le Livre de Poche - 20 janvier 2010 - 6,50€)

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2010-01-27T13:27:00+01:00

Encore un jour sans massacre - Théo Diricq

Publié par MyaRosa
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Résumé :

Artus est lycéen et il n'aime pas le monde morose dans lequel il vit. Ses camarades sont tartes, ses professeurs méritent qu’on leur envoie des tomates, sa famille est composée de légumes : personne n'échappe à sa morgue. Une pincée de douceur entre pourtant dans sa vie le jour où Lola s'assoit à côté de lui en classe… Parviendra-t-il à se défaire du dégoût qu'il ressent au plus profond de lui-même pour tout l’univers et au-delà ?

Dans la veine d’un Woody Allen, un premier roman écrit sous la forme d’un journal suivant le fil d'une année scolaire. Un portrait fidèle de la condition lycéenne, où, sous des dehors burlesques, chacun reconnaîtra les siens.



Mon avis :

 J'ai entendu parler de ce livre sur un forum. Il n'y avait pas d'avis, juste le titre, mais ça m'a suffit pour le commander. Je ne pouvais pas résister à ce titre provocateur, étant friande de cynisme et d'humour noir. Et puis, un journal écrit par un misanthrope ne pouvait être que drôle...

 On suit donc la vie et les pensées d'Arthus, le temps d'une année scolaire. Comme tout bon misanthrope, il n'aime pas grand chose et pas grand monde à part lui-même. Il dénigre tout et tout le monde, son entourage est stupide, ses professeurs manquent cruellement d'intellect, rien n'est assez bien pour lui, et personne ne comprend sa suprématie. Ses réflexions sont jubilatoires et font sourire. Et puis l'impensable se produit : Arthus tombe amoureux. Il se met à aimer une autre personne que lui-même, tout en détestant ce qui lui arrive. On ne change pas un misanthrope aussi facilement, alors il se met à détester encore plus ceux qui osent s'approcher de Lola...

 Avec ce premier roman écrit à 17 ans, Théo Diricq nous replonge dans l'univers du lycée, ça m'a rappelé beaucoup de souvenirs. C'est drôle et pertinent. On sent que l'auteur est jeune mais c'est un début très prometteur. La forme choisie est vraiment bien adaptée à l'histoire. On plonge dans l'esprit d'un adolescent misanthrope, on essaie de comprendre le fil de ses pensées ainsi que ses réactions. On le voit changer de mois en mois, ou pas... Et la fin est en adéquation totale avec le reste du roman, je la trouve vraiment parfaite. Pour illustrer un peu mieux mon billet, et vous donner un petit aperçu, j'ai sélectionné quelques passages.

"Je déteste le sport, parce que c'est la glorification du vide. Et on voudrait nous faire croire que c'est porteur de valeurs ou même d'une "philosophie", alors que c'est la seule discipline, avec peut-être la guerre, qui réunit des dizaines de milliers de personnes décidant d'être stupides au même moment."

"[...] je prends un soin particulier à ne pas tisser le moindre lien avec les autres, je suis chaque jour tout seul. Je dois me parler à moi-même, ce qui s'avère assez agréable finalement."

"5 décembre : Noël approche. Les décorations sont sorties dans les rues depuis déjà deux semaines. Fin novembre, c'est peut-être un peu précoce, mais si ça peut contribuer à faire oublier aux gens leur envie d'épargner, le plus tôt est le mieux. Et puis tout est bon pour nous faire oublier la morosité de l'hiver, son froid, sa nuit à 5 heures, ses traditionnelles échauffourées en banlieue. Cloïtrés chez eux, les gens seuls envisagent les aspects positifs du suicide et les familles s'engueulent en prévision d'une réconciliation le 24. Tous ces éléments favorables contribuent à donner un aspect de ville fantôme. C'est le seul moment de l'année où j'aime me promener dans la rue."

(153 pages - Max Milo - 28 août 2008 - 16€)


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2010-01-20T14:43:00+01:00

Opium de Maxence Fermine

Publié par MyaRosa
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Résumé :

C'est une route aux mille parfums, aux mille périls aussi : celle qui, partant de Londres pour atteindre les Indes, se perd irrémédiablement dans l'Empire de la Chine. Un périple que l'on nomme la route du thé. Pour la première fois, en 1838, un homme va s'y aventurer, décidé à percer le secret des thés verts, bleus et blancs, inconnus en Angleterre. Au fil de son voyage, il va rencontrer Pearle, un riche négociant irlandais, Wang, le gardien de la vallée sacrée, Lu Chen, l'invisible empereur du thé, et Loan, une Chinoise aux yeux verts qui porte, tatouée sur son épaule, une fleur de pavot. Au terme de sa quête, l'opium. Un amour que l'on ne choisit pas.


Mon avis :

  C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je me plonge dans une histoire contée par Maxence Fermine, car c'est un incroyable conteur, un magicien des mots, et je ressors de chacun de ses livres enchantée et émerveillée. Opium n'a pas fait exception à cette règle. Monsieur Fermine nous entraîne ici dans une virée incroyable au pays du thé, un périple dangereux mais terriblement fascinant. J'ai été emportée par cette histoire dès la première phrase. Comme toujours l'écriture est belle et envoûtante et nous emmène dans un univers parfumé et plein de saveurs.

  Charles Stowe doit sa passion du thé et du commerce à son père, et lui fait la promesse de découvrir son origine et ses secrets. Il part alors à la conquête de la Chine et fait d'incroyables rencontres qui vont lui faire découvrir les traditions chinoises, la beauté de la nature, mais aussi l'opium et l'amour.

  C'est un tout petit livre (moins de deux cents pages et écrit en gros caractères), qui se savoure comme une tasse de thé vert.Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve la couverture vraiment sublime. Les récits de l'auteur se déroule presque toujours de la même manière mais ça ne me gêne absolument pas puisque chaque fois le thème est différent, et chaque fois je passe un excellent moment. C'est une belle parenthèse entre deux lectures plus denses, ou un livre à lire pour se changer les idées. je conseille en tout cas à tous ceux qui ne connaissent pas encore Maxence Fermine de découvrir l'un de ses livres. J'ai déjà lu L'Apiculteur, Neige, et Le Violon noir, et ce fût à chaque fois de très belles découvertes. Bonne lecture!

(186 pages - Le Livre de Poche - 2004 - 5€)

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2010-01-06T18:13:00+01:00

Du vent dans mes mollets de Raphaële Moussafir

Publié par MyaRosa
http://www.livraddict.com/biblio/couverture/couv40468820.jpg



Résumé :

Rachel a neuf ans, une institutrice humiliante, des parents vaches et une copine garce. A neuf ans, on est puni quand on donne son avis. On peste quand les parents gloussent. On glousse quand les parents pestent. On découvre aussi de nouvelles sensations bizarres... Cette grande petite fille dissèque son monde avec un regard drôle et acerbe dont la maturité étonne, amuse et choque. De fous rires en conflits, elle explore l'impitoyable monde de l'enfance, celui des irrépressibles balbutiements sexuels, des mesquineries blessantes et des premiers clivages politiques. Un monde qui mène, parfois trop vite, vers celui des adultes... Le parler enfantin, la justesse du ton et la naïveté décapante de ce roman évoquent à la fois Le Petit Nicolas et Zazie dans le métro. Une performance !


Mon avis :

 Ce petit livre était dans ma wishlist depuis un moment, et quelques avis m'ont finalement décidés à l'acheter. On rentre tout de suite dans le vif du sujet, Rachel est une petite fille de neuf ans qui a de mauvaises notes et qui s'endort tout habillée, avec son cartable et ses affaires de gym pour ne pas être en retard à l'école. Alors sa maman décide de l'envoyer chez une dame qui arrive à convaincre les enfants de se mettre en pyjama le soir. Rachel lui raconte sa vie, ses problèmes, sa grand-mère qui est au ciel, sa meilleure amie Hortense qui l'énerve de temps à autres, les filles de l'école qui ne veulent pas l'inviter à leur anniversaire, sa maman qui lui fait souvent honte et qui ne veut pas qu'elle s'inscrive au club des amies de Barbie, les phrases toutes faites de son père, ses cauchemars,.. etc.

 C'est un livre très très (trop?) court (112 pages), mais on s'attache malgré tout à cette petite fille dès les premières pages. Elle m'a fait beaucoup rire, je me suis reconnue dans certaines situations. C'est vrai que Raphaële Moussafir est douée, car comme le dit Howard Buten dans la préface : " Rien n'est aussi insupportable qu'un texte enfantin dans la bouche d'un auteur adulte qui joue l'enfant". Je suis bien d'accord, mais ici c'est un pari réussi puisqu'on a vraiment l'impression que ce livre a été écrit pas un enfant. C'est drôle et naïf, et on a envie que ça continue encore et encore... Ca tombe bien puisqu'un autre livre des aventures de Rachel est sorti. Ca s'appelle Et pendant ce temps-là, les araignées tricotent des pulls autour de nos bilboquets
et c'est sorti chez Intervista. Si vous avez envie d'un petit moment de détente, de replonger dans vos souvenirs d'enfance, de rire de l'insouciance des enfants, n'hésitez-pas, j'ai passé un très bon moment avec Rachel, et c'est un livre que je relirai!

 Quelques petits passages que j'aime beaucoup :

" [...] les parents heureusement qu'ils filent pas dans leur chambre à chaque fois qu'ils sont à côté de la plaque, parce que sinon, il resterait plus grand monde à table."

" C'est horrible de ne pas savoir qu'on est mort quand on est mort soi-même, alors que c'est la chose la plus importante qui puisse arriver dans la vie, de mourir. Eh bien, je pense que quand on est mort, on ne le sait même pas. Et en même temps, c'est peut-être mieux de ne pas le savoir, comme ça, ça fait pas trop de peine au mort lui-même. Mais ça fait de la peine aux vivants qui ont pitié du mort qui sait pas qu'il est mort. "

" [...] elle m'a demandé si je savais ce que ça voulait dire euthanasie, je lui ai répondu que ça voulait dire qu'on serait puni par l'Etat nazi allemand, elle m'a expliqué que pas du tout, c'était tout simplement aider les gens malades à mourir pour les soulager, j'avais pas intérêt à prendre froid si je voulais pas me faire assassiner par mes parents quand je dors. "

(111 pages - J'ai Lu - 15 juin 2009 - 4,20€)

http://www.decitre.fr/gi/78/9782357560178FS.gif  http://imworld.aufeminin.com/breves/D20070615/couv_et_pdt_ce_temps_la_H122919_L.jpg


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2009-11-30T20:47:00+01:00

Zéro tués de Régis de Sá Moreira

Publié par MyaRosa
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Présentation de l'éditeur :


Joseph se leva du canapé. Il s'approcha de son frigidaire, ouvrit le congélateur et s'y accouda. " T'as trouvé qu'elle allait bien ? - Autant que possible, répondit Françoise. - C'est-à-dire ? - C'est-à-dire qu'on vit dans un monde pourri, dégueulasse, que tout... presque tout, pour peu qu'on le regarde de près, est à gerber, mais qu'elle doit bien s'en accommoder. - La routine, quoi. - La routine. "

Mon avis :


  Ce court roman commence très mal : Clara rentre chez elle et découvre Joseph, l'homme qu'elle aime, pendu dans leur appartement.
Tout au long du roman, on revient sur des faits passés pour connaïtre et comprendre ce qu'a été leur histoire. Il y a très peu de personnages : Clara, Joseph, Andres, le frère de Joseph, et Françoise, la femme d'Andres qui est aussi proche de Joseph que de Clara.

  Le récit est en grande partie composé de dialogues, souvent drôles et percutants. J'ai pris beaucoup de plaisir à les lire. Joseph se confie à son frère, Clara à Françoise,.. On retourne de temps en temps dans le présent découvrir les réactions de Clara et son ressenti après sa macabre découverte. On suit également Joseph après sa mort. Il rencontre Dieu et apprend la vérité sur la vie, sur la mort, et sur le devenir des suicidés. J'ai beaucoup apprécié ces théories métaphysiques que j'ai trouvé vraiment originales et intéressantes.

  Mon seul regret est de n'avoir pas pu suivre ces personnages plus longtemps. Ce roman est vraiment très (trop?) court et j'ai été un peu frustrée comme lorsque je lis des nouvelles et que j'ai à peine le temps de m'attacher aux personnages qu'ils disparaissent déjà...

  J'ai malgré tout beaucoup aimé, même si je reconnais que c'est un livre assez spécial qui ne plaira pas à tout le monde. Soit on adore, soit on déteste, mais il vaut la peine d'être lu.
J'ai un autre livre du même auteur qui m'attend bien sagement dans ma PAL, et j'ai déjà hâte de retrouver son humour décapant!


( 184 pages - LGF - Le livre de poche - septembre 2007 - 5,50€)

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2009-11-16T17:22:00+01:00

L'oeil de l'auberge - Yveline Gimbert

Publié par MyaRosa
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Résumé :

Un soir de mars 1944, dans un village d'Auvergne, la Milice se dirige vers l'auberge d'Amélie Viscomte, dénoncée par un voisin pour avoir caché un résistant. L'interpellation tourne au carnage mais derrière l'une des cloisons de l'auberge, dissimulé dans un réduit, quelqu'un a survécu à la tuerie: le fils caché d'Amélie, seul témoin de la trahison. L'enfant est né avec des malformations physiques. Pour lui épargner moqueries et rejet, Amélie l'a élevé à l'insu de tous, menant auprès de lui une vie paisible, à l'abri des regards, dans un amour indéfectible. Elle l'a baptisé "Secret". Seul, ignoré de tous, ayant vu ce qu'il n'aurait jamais dû voir, Secret a décidé d'agir. L'"œil de l'auberge" vient de s'ouvrir à la lumière. Il ne se refermera plus...


Mon avis :

J'ai beaucoup apprécié ce roman que j'ai découvert sur le blog de Lisalor.. Je ne connaissais pas du tout l'auteur, mais le résumé et le fait que l'histoire se passe en Auvergne m'ont beaucoup tenté et je n'ai pas été déçue !
On s'attache rapidement à Amélie et à Secret. On ne peut s'empêcher de s'imaginer à la place de cette femme qui tombe enceinte sans l'avoir prévu et qui accouche d'un "monstre". Qu'aurions nous fait à sa place?
C'est une histoire bouleversante dont je garderai un très bon souvenir. Merci Laure pour cette belle découverte !

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2009-10-18T16:03:00+02:00

L'Echappée belle - Anna Gavalda

Publié par MyaRosa
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Résumé :

Simon, Garance et Lola, trois frères et soeurs devenus grands (vieux ?), s'enfuient d'un mariage de famille qui s'annonce particulièrement éprouvant pour aller rejoindre Vincent, le petit dernier, devenu guide saisonnier d'un château perdu au fin fond de la campagne tourangelle. Oubliant pour quelques heures marmaille, conjoint, divorce, soucis et mondanités, ils vont s'offrir une dernière vraie belle journée d'enfance volée à leur vie d'adultes. Légère, tendre, drôle, L'Echappée belle, cinquième livre d'Anna Gavalda aux éditions Le Dilettante, est un hommage aux fratries heureuses, aux belles-soeurs pénibles, à Dario Moreno, aux petits vins de Loire et à la boulangerie Pidoune.

Mon avis :

Ce petit livre est une petite merveille, un bijou, un bonbon.
C'est léger, tendre, drôle et émouvant.
Les personnages sont sympas, ça m'a fait beaucoup rire, je me suis reconnue dans pas mal de choses et j'avais l'impression de faire partie de la bande, de partager un moment de bonheur. C'est un livre très court, et qu'on peut relire à tout moment, si on a envie de rire un peu, de s'évader... Je pense le relire dans peu de temps.
Je vous recommande ce petit livre si vous ne l'avez pas encore lu. Il a été réédité récemment, mais je trouve le prix excessivement cher, pour une histoire qui se lit en vingt minutes. Néanmoins, j'aime beaucoup la couverture (même si je ne vois pas vraiment le rapport avec l'histoire. Si quelqu'un pouvait m'éclairer la dessus, ce serait gentil) et le format de la réédition, c'est un très beau livre.

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2009-10-17T19:47:00+02:00

La preuve par neuf - Dorine Bertrand

Publié par MyaRosa
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Résumé :

Il s'apprête à célébrer l'anniversaire de la moitié de sa vie. Elle est jeune, gothique et prépare son testament. Elle s'impose de ne faire l'amour qu'une fois par semaine. Elle dépasse les 9 mois de grossesse espérant ne jamais accoucher. Elle reçoit une lettre lui expliquant pourquoi il serait préférable d'avorter. Elle négocie ses fréquentations avec sa petite fille intérieure. Elle croit son mari attiré par une jeune femme qui ne la laisse pas indifférente. Elle ne supporte plus l'odeur de mort qui colle à la peau de son mari. Il s'imagine que c'est la guerre et qu'il pourrait sauver le monde. Neuf fois une personne, la preuve par neuf que l'insolite et l'absurde font partie du quotidien...


Mon avis :

Ces neufs nouvelles sont toutes plus insolites les unes que les autres, et pourtant on s'y retrouve. On se reconnait dans ces petits moments de folie qui nous sont propres. C'est un petit livre très agréable à lire, souvent drôle. C'est toujours difficile de parler de nouvelles. Je préfère ne pas trop en dire, d'autant plus que la quatrième de couverture en dit déjà beaucoup... Si vous aimez les nouvelles, l'insolite, laissez vous tenter par ce petit recueil vraiment sympa. En plus, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi j'aime beaucoup cette couverture.


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